Facilitateur d'échanges
"Ça change des foires internationales où tu dois courir dans tous les sens. Ici, les éditeurs de notre secteur éditorial se retrouvent sous le même toit, à l'Institut français de Madrid. Ça facilite les échanges", se réjouit Fabiana Angelini, responsable des droits chez Flammarion Jeunesse-Père Castor et Casterman. Elle a récemment vendu à Edelvives le prochain album de la "star en Espagne", Benjamin Lacombe, L'ombre du Golem. Programmé en septembre chez Flammarion Jeunesse, il est paru en mai dans le pays voisin, avec un tirage de 18000 exemplaires. Des ventes conséquentes par rapport aux tirages moyens de BD et jeunesse pratiqués en Espagne. "En règle générale, pour 15000 exemplaires tirés en France, les Espagnols n'impriment que 1500 exemplaires", pointe Sylvain Coissard, responsable des droits de plusieurs maisons dont Sarbacane, Futuropolis, Gallimard BD et Denoël Graphic.
Diversité
De petits tirages pour un marché marqué par sa diversité. En 2016, 306 bandes dessinées et 173 livres pour la jeunesse ont été traduits par des maisons d'édition hispanophones, d'après les données communiqués par le Bief. De plus, 235 coéditions (163 livres de jeunesse et 30 BD) ont été signées au cours de la même période. "Le marché français reste une référence par sa liberté de ton, sa créativité. Les auteurs français ont un savoir-faire et une production extrêmement riche que nous n'avons pas encore ici", assure Irene Alvarez, éditrice chez Lata de sal, maison spécialisée dans le livre illustré. Créée en 2012, Lata de sal a construit son catalogue avec une majorité d'auteurs étrangers pour des raisons économiques, la traduction étant moins onéreuse que le processus de création. Son premier titre français, L'album d'Adèle, de Claude Ponti (L'école des loisirs), est paru l'année dernière, "un album ovni, sans texte et surréaliste", selon l'éditrice.
"Les Espagnols aiment l'audace des illustrateurs français et fuient les discours moralisateurs, notamment en jeunesse", indique de son côté Fabiana Angelini. "Ils sont plutôt conservateurs", juge en revanche Sylvain Coissard, qui déplore le manque d'intérêt des confrères étrangers pour Dans la forêt sombre et mystérieuse de Winshluss (Gallimard), pépite d'or 2016 au salon de Montreuil et prix des lecteurs France Télévisions dans la catégorie Moyens.
Préjugés des parents espagnols
"Le marché de la jeunesse en Espagne n'est pas encore prêt à accepter certains graphismes ou messages de fond. Les parents espagnols ont beaucoup de préjugés en comparaison avec les parents français qui eux, ont tendance à tout intellectualiser", estime Eva Jimenez, éditrice chez Flamboyant, maison éditrice de La couleur des émotions d'Anna Llenas, paru en France en 2014 chez Quatre fleuves et vendu à plus de 40000 exemplaires (source GFK). Eva Jimenez et son associée Patricia Martin n'ont rien "acheté" lors de ces rencontres mais ont réussi à attirer l'œil de Frédéric Lavabre, éditeur chez Sarbacane, qui aimerait recevoir en format PDF les deux prochains titres à paraître chez cette maison d'édition catalane.
Les rencontres franco-espagnoles du Bief se pousuivront les 6 et 7 juillet à Barcelone.