Appelons cela une niche. Très étroite mais grandement rentable. Dans le domaine du sport, l’autobiographie d’un ex-sélectionneur d’une équipe de France de sport collectif se révèle souvent un genre à succès. Et même mieux que cela, pour peu que le personnage en question ait été, à un moment de sa carrière, l’objet des critiques des médias. Aimé Jacquet avait montré la voie, en 1999, avec Ma vie pour une étoile, un best-seller paru chez Robert Laffont. L’an passé, Marc Lièvremont a écoulé plus de 50 000 exemplaires de Cadrages & débordements (La Martinière), dans lequel l’ancien patron du XV de France racontait sa version de l’improbable parcours des Bleus au Mondial 2011.

Raymond Domenech a pris tout son temps pour explorer le genre. Mais son éditeur, Flammarion, ne regrette pas l’attente. Tout seul, à la fois récit et témoignage de ses années à la tête des Bleus, depuis la glorieuse épopée du Mondial 2006 jusqu’au fiasco de la mutinerie de Knysna quatre ans plus tard, a dépassé les objectifs les plus optimistes : 145 000 ventes en quatre mois. « Et pourtant, nous ne savions pas trop quel accueil serait réservé au livre, explique Thierry Billard, directeur éditorial chez Flammarion. Au moment de sa sortie, en novembre 2012, Raymond Domenech était encore très décrié. Il restait le bouc émissaire du parcours catastrophique de l’équipe de France au Mondial 2010. »

Mais la pertinence du livre, écrit à la première personne, sans langue de bois, construit à partir du journal de bord de l’ex-sélectionneur, a su toucher tous les publics. La promotion a fait le reste. « Raymond Domenech a joué le jeu, se réjouit Thierry Billard. Il a accepté les interviews, les émissions de télévision, les séances de dédicaces… Il est allé à la rencontre des gens. Et n’a jamais été l’objet de la moindre agressivité de la part des lecteurs. »

Flammarion, comme La Martinière un an plus tôt avec Marc Lièvremont, se félicite d’avoir sollicité l’ancien coach pour le pousser à écrire. « Les témoignages de personnages marchent toujours mieux que les enquêtes rédigées par un tiers sur ces mêmes personnages », estime Thierry Billard. Mais les candidats ne sont pas légion. Claude Onesta, à la tête d’une équipe de France de handball double championne olympique, mais au comportement parfois déroutant, pourrait être le prochain. Il n’a cependant pas encore passé la main. <

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