Le ministère tunisien de la Culture a annoncé, lundi 1^er mai, le décès de l’historien et penseur Mohammed Talbi (Muhammad al-Talibi), l’un des "fondateurs de l'université tunisienne moderne", né en 1921 à Tunis.
 
Agrégé d'arabe et docteur en histoire de l'université Paris-La Sorbonne, Mohammed Talbi fut le premier doyen de la Faculté des lettres de Tunis. Dans les années 1980, il fut nommé en France chevalier puis officier de la Légion d'honneur, notamment pour son combat pour le dialogue interreligieux.

Ses écrits comptent une trentaine d’ouvrages, publiés en français et en arabe, parmi lesquels Méditations (tadabbur) sur le Coran: vérité, rationalité, l'jaz scientifique (Arabesques, 2016), Universalité du Coran (Actes Sud, 2002) ou encore L'islam n'est pas voile, il est culte (Cartaginoiseries, 2009).

Sa pensée, que l’on retrouve notamment dans des entretiens menés par Gwendoline Jarczyk Penseur libre en islam: un intellectuel musulman dans la Tunisie de Ben Ali (Albin Michel, 2013), invite à une lecture du Coran luttant contre tout rigorisme. Celui qui fut l’un des grands intellectuels de la Tunisie indépendante s’était opposé au régime de Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011), en rejoignant en 1995 le Conseil national pour les libertés (CNLT), une ONG de défense des droits de l'Homme. Après la chute de la dictature, l’historien avait également pris position contre le parti islamiste Ennahdha.