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Décès de l'écrivain russe Andreï Bitov

Andreï Bitov - Photo Fond Adygi - http://andrey-bitov.ru/

Décès de l'écrivain russe Andreï Bitov

Andreï Bitov, l'un des plus grands écrivains russes, ardent défenseur de la liberté d'expression et défiant régulièrement le pouvoir, est mort à l'âge de 81 ans.

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Par Vincy Thomas
Créé le 12.12.2018 à 14h00

Andreï Bitov est mort le 3 décembre à Moscou, à l'âge de 81 ans. Né le 27 mai 1937 à Léningrad, aujourd'hui Saint-Petersbourg, l'auteur avait acquis sa notoriété internationale avec La Maison Pouchkine en 1978, livre interdit en Union Soviétique et prix du Meilleur livre étranger en France en 1989.

Professeur à l'Institut de littérature Maxime Gorki, ancien président du Pen-club de Russie à partir de 1991 et chevalier de l'ordre des Art et des lettres en France, il est considéré comme l'un des écrivains russes majeurs de la deuxième partie du XXe siècle.

Ecrivain libre et sédentaire

Très attaché à sa ville natale, qu'il avait du fuir durant le siège par les Nazis en mars 1942, ce sportif a toujours été attiré par la littérature. Lire Les aventures de Monsieur Pickwick de Charles Dickens avait été une révélation pour lui. Il commence à publier ses premiers écrits au début des années 1960, et s'inscrit à l'Union des écrivains soviétiques en 1965. Ses premiers textes ont tardé à arriver en France: son recueil de nouvelles sur ses voyages en Arménie et en Géorgie, est édité chez Albin-Michel en 1990 sous le titre Un Russe en Arménie; chez le même éditeur, Par temps de vent et En marge sont réunis dans La Datcha en 2001.

Durant sept ans, jusqu'en 1971, il rédige sa grande œuvre, La Maison Pouchkine: roman de l'humiliation infinie, où il décrit et décrypte le déclin de la culture russe. Non publiable en Russie, il parvient à l'être aux Etats-Unis, en russe, en 1978. Mais il ne sera traduit qu'en 1987 en anglais, en allemand, en italien, en japonais et en suédois, puis l'année suivante, chez Albin Michel, en français (par Philippe Mennecier).

Une œuvre partiellement traduite

Ecrivain libre dans son pays, qui a choisi de ne jamais s'exiler, il avait, en tant que président du Pen club, réhabilité des victimes des purges soviétiques tout en promouvant des auteurs russes et étrangers contemporains, autrefois jugés subversifs. En 1979, il avait lancé une revue, Métropole, recueil épais qui transforment douze auteurs, notamment Vassili Axionov, en insurgés du pouvoir. Andreï Bitov a toujours été méfiant vis-à-vis du Kremlin. En 2014, lors de l'invasion russe en Crimée, il avait signé une lettre appelant Vladimir Poutine à "arrêter son jeu dangeureux en Ukraine."

En France, Le Seuil avait publié L'herbe et le ciel en 1966 (indisponible) et Le professeur de symétrie (1990), où l'auteur part à la recherche du fabuleux écrivain, Urbino Wanosky, devenu sacristain dans la légende, liftier dans la réalité, dont il cherche à reconstruire l'œuvre égarée. Son œuvre, justement, est en grande partie ignorée puisque les trois quarts de ses ouvrages n'ont pas été traduits.

La dernière publication en France date de 2005, Les amours de Monakhov (Albin Michel), roman d'apprentissage écrit dans les années 1970 et revu par l'auteur pour sa parution en Russie en 1990.

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