Né en 1931 à Odense (Danemark), récompensé pour l'ensemble de son œuvre par le grand prix de l’Académie danoise en 2010, devenu populaire pour ses « racontars nordiques », l’écrivain Jørn Riel est décédé le 18 août chez lui à Kuala Lumpur, en Malaisie, âgé de 92 ans.
La moitié de son œuvre est inspirée de ses explorations au Groenland qui débutent en 1950. Il est alors âgé de 19 ans et participe à l'expédition du géologue et explorateur danois Lauge Koch. Il restera finalement seize ans, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. Dans ses « racontars arctiques », il narre ainsi sur le ton de l'humour les aventures des trappeurs du début du XXe siècle. Pour Jørn Riel, un racontar c'était « une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l'inverse ? ».
Un auteur emblématique de la maison Gaïa
Il est édité en France pour la première fois par la maison Gaïa avec La vierge froide, et autres racontars (1993). « Très certainement le plus célèbre des raconteurs d’histoires venus du Grand Nord », explique son éditeur dans un communiqué. « Cet inlassable voyageur danois qui avait fait du Groenland sa terre d’accueil littéraire était un auteur emblématique de la maison Gaïa depuis presque trente ans. » Dans son communiqué, la maison adresse ses pensées à ses deux traducteurs, « Susanne Juul qui avait noué une forte amitié avec lui et a contribué, avec Bernard Saint-Bonnet, à faire connaître son œuvre en France ».
En tout, Gaïa a publié une dizaine de livres de ses racontars.
Mais l'éditeur a aussi fait paraître un cycle plus autobiographique en 2014, avec le premier tome d'
Une vie de racontars, illustré par
Hervé Tanquerelle, recueil d'anecdotes du monde entier : l'île de Fionie, Paris, la Nouvelle-Zélande dans lequel l'auteur fait revivre des événements du quotidien à la fois emblématiques des lieux traversés et humainement universels. Outre ses racontars,
Jørn Riel a aussi écrit des histoires sous forme de triptyque :
La Maison de mes pères (1995),
Le chant pour celui qui désire vivre dont le volume 1 est paru en 2000, ou encore
Le garçon qui voulait devenir un être humain (2002). Plusieurs de ses livres ont été mis en couleurs et en dessins comme
Heq illustré par
Benjamin Flao (Sarbacane, 2012), le volume 1 de sa trilogie
Le chant pour celui qui désire vivre.
Un auteur jeunesse moins connu
Auteur jeunesse également, Jørn Riel a raconté les aventures de jeunes inuits dans Nartouk, le garçon qui devint fort (Bayard, 2011), enfant vivant pauvrement avec sa grand-mère dans un village dirigé par un chef cruel nommé Porto avec qui il s'oppose au cours d'une chasse à l'ours blanc.
Dans Pani, la petite fille du Groenland (Le Livre de poche jeunesse, 2007), il narrait l'histoire d'une petite eskimo vivant dans un village qui souffre de la famine car les pêcheurs, dont son père fait partie, ne pêchent plus rien depuis que la mer est en colère. Le sage du village révèle à Pani, qui parle aux animaux, qu'elle seule peut sauver la population en apaisant la mer grâce à son don.