Avec son parquet, ses murs clairs, la belle lumière qui l'inonde depuis la verrière, ses 10 000 livres, BD, DVD et CD bien mis en -valeur, la bibliothèque Marie-Thérèse-Rumon n'a rien à envier à une petite bibliothèque de quartier. Sa particularité, cependant, est de se trouver dans le centre de détention de Nantes. Elle fait partie du réseau des 10 bibliothèques réparties dans les 8 établissements pénitentiaires des Pays de la Loire.
Le socle de la culture
Dans la région, l'action dans ce domaine est fortement soutenue par la direction interrégionale des services pénitentiaires du Grand Ouest, qui chapeaute aussi la région Bretagne. « En prison, les bibliothèques sont le socle de la culture, affirme Emmanuelle Morice, responsable régionale du service culture/publics empêchés de la Ligue de l'enseignement des Pays de la Loire, en charge de l'action culturelle en prison. C'est le lieu où se font les rencontres d'auteurs, les ateliers d'écriture, les événements culturels. Notre mission est de faire en sorte qu'elles ressemblent le plus possible aux bibliothèques extérieures. On essaie de s'associer aux grandes manifestations littéraires telles que le festival Atlantide à Nantes, ou La 25e Heure au Mans, et de les faire entrer dans les prisons. »
Parmi les missions qu'elle déploie, en partenariat avec les bibliothèques municipales et départementales, la Ligue de l'enseignement a en charge l'accompagnement des auxiliaires--bibliothécaires détenus qui travaillent dans les bibliothèques de prisons. Dans cet espace qui est un lieu d'échanges entre détenus, mais aussi parfois de trafics, le détenu bibliothécaire doit « aimer les livres mais aussi savoir accueillir les lecteurs et posséder une personnalité lui permettant de faire respecter le lieu et de réagir face à des comportements inadaptés », précise Emmanuelle Morice.
A la maison d'arrêt des hommes de Nantes, à quelques kilomètres du centre de détention, Hissam occupe depuis août 2018 la fonction d'auxiliaire-bibliothécaire. @« La bibliothèque, c'est l'évasion, affirme le jeune homme à la haute stature et au sourire doux. On y est toujours occupé et le temps passe plus vite. En prison, il y a aussi la crainte de ralentir intellectuellement, travailler ici me permet de pallier ce risque. Etre auxiliaire-bibliothécaire change le rapport avec les autres détenus, et même avec les surveillants qui nous considèrent mieux. »
Rayon de soleil
Depuis quelques jours, il fait équipe avec Yoann, qui a demandé à occuper ce poste dès son arrivée à la maison d'arrêt dix jours auparavant. « Je suis passionné de lecture, travailler ici, pour moi, c'est être dans la caverne d'Ali Baba, s'exclame-t-il.Je sais que je vais rester ici quatre mois, je vais me plonger à fond dans cette activité, découvrir le cœur du métier de bibliothécaire. Pour moi, c'est un rayon de soleil. »