Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, et Pierre Lescure, responsable de la «mission de concertation sur les contenus numériques et la politique culturelle à l'heure du numérique », ont fait un point d'étape le 6 décembre sur les moyens d'adapter «les mécanismes et instruments mis en place dans les années 1980 pour favoriser la création et la diffusion des oeuvres culturelles» (voir également Livres Hebdo 932 du 30 novembre).
La mission a déjà réalisé une soixantaine d'auditions, et a notamment entendu les représentants des bibliothèques, des éditeurs et des libraires, ainsi que certaines sociétés de gestion collective (SCAM, SACD, SNAC). Dans le domaine du livre, il lui reste notamment à rencontrer la SGDL, ou encore Pierre Sirinelli, professeur de droit spécialiste de la propriété littéraire, chargé de faire s'entendre les auteurs et les éditeurs à propos des clauses numériques du contrat d'édition.
La ministre de la Culture a redit toute l'importance qu'elle accorde à cet accord qui s'insérerait dans les adaptations plus générales sur lesquelles la mission Lescure travaille : favoriser l'accès à une offre légale, en préservant la rémunération des auteurs et le financement de la création, et en protégeant la propriété intellectuelle.
"plus de 100 services en ligne offrant des livres numériques, mais plus de 70% de la valeur est entre les mains de trois acteurs"
Car «le livre entre dans le numérique à reculons. Les catalogues sont pour l'instant très incomplets : quelque 90 000 titres seraient disponibles, pour 620 000 références disponibles en format papier», constate Pierre Lescure. D'autre part, «il existe plus de 100 services en ligne offrant des livres numériques, mais plus de 70% de la valeur est entre les mains de trois acteurs, la FNAC, Amazon et Apple (ces deux derniers possèdent près de 50% du marché)». A «environ 14,50 euros, le prix d'un livre numérique est perçu comme trop élevé par les usagers. En outre, la multiplication des formats non interopérables, conjuguée à l'insertion de DRM, rend l'offre techniquement complexe et freine son développement», souligne également le document du point d'étape.
Les revenus numériques sont encore extrêmement faibles dans le livre, et «certains peuvent se dire que le secteur s'en sort moins défavorablement, si on prend le numérique comme une agression, mais ne pas s'y préparer c'est nier que les tablettes prendront une place grandissante», prévient le président de la mission Culture Acte II.