Le livre, avec ou sans IA générative ? Ou plutôt, comment distinguer le bon grain de l'ivraie ? La plateforme française d'autoédition Librinova commercialise depuis cette année une solution pour les auteurs désireux de revendiquer l'organicité de leur création : un label sans IA, baptisé « Création humaine », apposé sur les livres 100 % humains. Nicolas Gorse, directeur général de Dott (trotinettes), en a eu l'idée face au vide sur le sujet dans le milieu de l'édition. Librinova en a fait son partenaire. La traque à l'IA dans un livre s'exécute en croisant trois méthodes. Les Transformers, pour commencer. Un modèle d'apprentissage profond qui permet d'analyser des textes longs. Vient ensuite « le détecteur mathématique », explique Gorse, dans lequel les mots sont transformés en tokens dont on vérifie l'homogénéité. « Contrairement au langage humain, un algorithme se répète. » En cas de suspicion d'utilisation de l'IA, la troisième phase, un entretien humain sur le processus de création du livre, permet de percer immanquablement les faussaires, nous -assure-t-on. Les auteurs décident seuls de prendre ou non le label. La cofondatrice de Librinova, Charlotte Allibert, y tient : « L'utilisation de l'IA, ce n'est pas pour nous une considération morale, c'est un appel à la transparence. » Création humaine s'imposera-t-il comme le label bio de l'édition ? « Pas si les éditeurs ne s'emparent pas du sujet, avertit Charlotte Allibert. La technologie fait peur, et il est normal que les choses mettent un peu de temps à s'installer. Mais côté lecteur, je pense que pouvoir identifier l'origine d'un livre va devenir fondamental sur les sites marchands. »