Spécificités
Avec un micro portatif digne d’un prêcheur américain, Anne-Solange Noble a expliqué les spécificités du marché français comme la loi Lang ou la relation directe, sans agent, entre un éditeur et un auteur qui "colore le profil des éditeurs avec qui vous êtes en contact pour vendre des droits". Dans sa présentation qui se voulait très pratique, la directrice des droits de Gallimard a précisé l’objectif de cette rencontre, à deux ans de l’invitation d’honneur de la France à Francfort : "Mon but est que vous quittiez cette pièce en vous disant que, finalement, ce n’est pas si difficile que cela de travailler avec des Français."
Faux clichés
Jouant sur les clichés, powerpoints amusants à l’appui, Rebecca Byers a présenté à travers des données chiffrées le marché hexagonal et les habitudes de lecture des Français. Elle a insisté sur le grand nombre de traducteurs formés dans neuf universités différentes, le maillage de librairies indépendantes, la reprise des ventes de livres papier depuis plusieurs mois, le poids des prix et de la rentrée littéraires…. "Voyez comme la France est un environnement accueillant pour vos livres avec des libraires enthousiastes, des lecteurs avides, des éditeurs dynamiques, a-t-elle lancé. Donc n’hésitez pas. Nous mangeons des grenouilles, pas des éditeurs étrangers !"
Conseils
A Anne Michel revenait la tâche de donner les conseils pratiques pour convaincre un éditeur français d'acheter un livre. " Beaucoup de directeurs étrangers de droits me disent que les Français sont imprévisibles, raconte-t-elle. Ils parlent d’"exception française" qui fait qu’un livre dont les droits ont été vendus dans 35 pays ne trouve pas preneur en France ! ". Elle a présenté les dix commandements pour vendre à un éditeur français et éviter " the French kiss of death" qui tue totalement un livre. Elle a invité les responsables de droits à bien étudier les lignes éditoriales des maisons et leur a demandé d’envoyer des manuscrits complets. "Nous n’aimons pas nous décider sur un projet de 5 pages."
Parmi les conseils pratiques, elle encourage les éditeurs de langues rares à envoyer un échantillon de leur texte traduit en anglais et de ne pas sous estimer la relation auteur-éditeur, les exhortant à respecter les priorités d’options pour des auteurs déjà traduits par un éditeur français. Enfin elle a rappelé qu’une histoire qui se passe en France ne passionne pas forcément un éditeur français, au contraire. « Sachez que l’on s’intéresse à la singularité de votre culture et de votre pays et surtout surprenez nous ! »
Pas de business area au Salon du livre de Paris
A l’issue de la présentation une dizaine de mains se sont levées dans la salle. Rebecca Byers qui a invité l’assistance à se rendre au Salon du livre de Paris (rebaptisé Livre Paris) pour voir la diversité de l’édition française a notamment suscité une réaction d’une éditrice. « Vous nous encouragez à aller au Salon du livre de Paris mais j’ai fait l’expérience au printemps dernier et il n’y avait pas d’endroits où rencontrer les éditeurs. A Turin par exemple, il y a une business area. Est-ce envisageable en France ? » Les autres questions ont porté sur le rôle des traducteurs comme apporteurs de projets ainsi que sur la reprise du marché du livre en France, qui a intrigué les éditeurs présents.
Les échanges du séminaire se sont poursuivis par des présentations détaillées des marchés d’Asie du Sud-Est (Thaïlande, Malaisie, Indonésie et Vietnam) – 10 % de l’assistance venait de cette région du monde, selon la foire de Francfort, organisatrice de la rencontre – et le droit d’auteur dans ces pays. L’Américain Michael Healy a réalisé la prouesse de présenter les règles du copyright dans 10 pays en 5 minutes ! Le séminaire s’est refermé par une intervention d’Adam Silverman, d’HarperCollins USA, sur les révolutions numériques.