Atlas enchanté. Ceci n'est pas un atlas traditionnel, même si figurent à son sommaire quelques cartes classiques dont les plus anciennes remontent au XVI^e siècle, comme La ville de Ferrare et ses six rivières par Piri Reis (1525), L'atlas du monde nautique dit Atlas Miller, de Lopo Homem (1519), ou encore l'étonnant et vaste Planisphère céleste animalier de Frederik de Witt (1670). À soi seul, tout cela justifierait une publication et notre émerveillement, pareil à celui de Galilée, Vasco de Gama ou Christophe Colomb, décrivant le monde tel qu'il est. Mais le plus beau, le plus stupéfiant, le moins connu aussi, dans ce florilège cartographique, ce sont les cartes d'artistes contemporains, dont on peut dire sans exagérer qu'ils ont transcendé le genre de la carte, et réinventé l'Univers.

Que ce soit le Planisphère céleste du jeune Britannique Ed Fairburn, dessin au crayon à papier où les constellations forment deux visages humains (2013), la carte de l'Australie en forme de poisson-lune géant Mola-mola de l'artiste Marcoleptique (2021), La main et la méduse du plasticien et street artist Julien Jaffré (2022), carte ancienne chinée aux puces sur laquelle il a dessiné, ou encore, peut-être notre préférée, la carte St Germans, Cornouailles, Angleterre, brodée à la main et cousue par la Bristolienne Kate Tarling, en 2021. Tout cela, parfaitement conçu et édité, constitue un fabuleux kaléidoscope, une moderne lanterne magique qui eût enchanté Proust.