Disparition

Claude Durand, qui s'est éteint, à 76 ans, dans la nuit du 6 au 7 mai, a incarné, après quarante-cinq ans de pratique, la quintessance du métier d'éditeur.  Retour en treize dates sur les grandes étapes de sa carrière.

9 novembre 1938
Naissance à Livry-Gargan. Claude Durand entre très tôt dans la vie active. Il devient instituteur à 19 ans, puis cinéaste, au début des années 1960. Il entre au Seuil comme lecteur en 1958.

1965
Il devient éditeur, à la direction de la collection "Écrire", puis crée en janvier 1968 la collection "Combats", qui accueillera la littérature dissidente d'Europe de l'Est et les romanciers sud-américains.

1967
L'éditeur traduit, avec sa femme Carmen, Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez, et le publie au Seuil, permettant de faire découvrir au public français l'écrivain colombien qui recevra le prix Nobel de littérature quinze ans plus tard. Il traduira aussi Isabel Allende ou Jorge Semprun.

1974
Parution au Seuil de L’Archipel du Goulag, d’Alexandre Soljénitsyne, qui vient d'être expulsé d’URSS, et dont Claude Durand supervise la traduction française. Celui-ci devient l’agent de l'écrivain russe, le représentant dans le monde entier, et son ami jusqu’à sa mort en 2008. Une trajectoire qu'il raconte dans Agent de Soljénitsyne, paru chez Fayard en 2011.

1978
Il quitte le Seuil pour prendre la direction générale de Grasset.

1979
Il reçoit le prix Médicis pour son roman La nuit zoologique. Claude Durand écrit depuis toujours, et c'est en présentant un manuscrit au Seuil qu'il a commencé sa carrière dans la maison comme lecteur.

1980
Remplaçant d'Alex Grall, il devient P-DG de Fayard, qu'il marquera profondément de son empreinte pendant près de 30 ans.

1993
Publication du premier volume des œuvres complètes d'Ismail Kadaré chez Fayard, qui détient aussi les droits mondiaux. C'est Claude Durand qui découvre et fait traduire l'œuvre de l'auteur albanais.

Février 2003
Publication de La face cachée du Monde, de Pierre Péan et Philippe Cohen. Roi de "coups" éditoriaux, Claude Durand est aussi l’éditeur de François Mitterrand, Edouard Balladur, Simone Signoret, Jacques Attali ou Lech Walesa.

2005
L'éditeur signe le "transfert du siècle" en arrachant, pour plus d'un million d'euros, Michel Houellebecq à Flammarion. La possibilité d'une île ratera le Goncourt de peu, mais recevra le prix Interallié. Michel Houellebecq retournera chez Flammarion par la suite.

8 avril 2009
Après dix ans de rumeurs cent fois démenties, Claude Durand quitte, à l'âge de 70 ans, ses fonctions de P-DG de Fayard, qu'il a dirigé pendant trente ans. "Je ne m'en vais ni par ennui ou lassitude, ni parce que les livres que je publie dérangeraient mon actionnaire", avait-il déclaré à l'époque à Livres Hebdo. "J'ai montré récemment que je savais encore m'amuser", ajoutait-il, faisant référence à la publicaton du Monde selon K, le livre de Pierre Péan sur Bernard Kouchner. Après un accident respiratoire en 1995, il avait gardé un handicap : "Si je suis à l'aise au bureau, je manque de souffle pour représenter la maison à l'extérieur et courir après les auteurs".

1er avril 2010
Il publie chez Albin Michel, sous le pseudonyme de François Thuret, J'aurais voulu être éditeur, un roman à clés où il livre ses souvenirs, croque le milieu de l'édition des années 1980, de Françoise Verny à Odile Jacob, et brocarde l'ancien P-DG de Minuit, Jérôme Lindon.

14 janvier 2015
Parution de son dernier roman, Usage de faux, chez De Fallois. Claude Durand y raconte l'histoire d'un écrivain, Ivan Peskov, qui est devenu, grâce à l'éditrice Roberte Demachy, le célèbre Abraham Gold, venu de l'Est, sans attaches, suscitant sympathie et compassion. Encore une histoire d'édition.

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