Sur un marché des ouvrages classiques en forte croissance, les petits attaquent les gros. Leader sur ce segment avec Hachette Education, Flammarion est ainsi l'un des seuls éditeurs à avoir accusé un recul de son activité en 2011 sur sa collection "Etonnants classiques". "Nous sommes à - 1 % après dix années consécutives de hausse. Nous avons atteint une configuration où le marché arrive à maturité", relativise Tiphaine Pelé, responsable éditoriale. Dans le même temps, Hachette Education revendique une progression de 7 % sur l'année écoulée pour ses collections "Biblio" et "Classiques", selon Cécile Labro, directrice du département parascolaire. Même tendance pour Larousse, dont la moitié de l'activité parascolaire repose sur les collections "Petits classiques Larousse" et "Les contemporains, classiques de demain" : "Nous sommes à + 13 % sur 2011", assure Carine Girac-Marinier, directrice du département Dictionnaires et encyclopédies. Chez Hatier, qui a procédé l'an dernier à la refonte de la collection "Classiques & Cie" (81 titres en lycée et 50 en collège), la directrice parascolaire et jeunesse Véronique Hublot-Pierre ne donne pas de chiffres, mais assure que tout va pour le mieux : "Nous avions la réputation d'être élitistes, les appareils pédagogiques proposés depuis la refonte de la collection sont maintenant plus pratiques et accessibles", souligne-t-elle.
"ETONNANTISSIMES"
Pour se faire une place au soleil sur un marché où la prescription des enseignants joue un rôle déterminant, les éditeurs rivalisent d'originalité. Magnard a inauguré en 2011 la collection "Classiques et patrimoine", avec six premiers titres chacun écoulé autour de 10 000 exemplaires. "Le nombre de références proposées sera massivement augmenté cette année, annonce Laurent Breton, directeur du pôle grand public. Ces ouvrages intègrent une oeuvre d'art du patrimoine mondial contemporaine de l'oeuvre étudiée et permettent d'appréhender le contexte culturel et historique de l'époque. On est dans du parascolaire prescrit, il est important de séduire les professeurs."
De la même façon, Flammarion passe à l'offensive avec le lancement en avril prochain de la collection "Etonnantissimes". "Nous nous adressons ici davantage aux élèves qu'aux professeurs. Il s'agit d'oeuvres classiques méconnues ou d'oeuvres contemporaines qui ne sont pas étudiées en classe, mais qui peuvent se rattacher aux livres travaillés avec le professeur. Le but est de développer la lecture plaisir", explique Tiphaine Pelé. Une douzaine de titres seront publiés tous les ans, avec des tirages moyens de 8 000 exemplaires.
La concurrence des challengers est réelle. La collection "Carrés classiques", lancée en 2006 par Nathan, a misé sur un format original. Plus larges, les pages font figurer les commentaires de chaque côté du texte et facilitent aussi la prise de notes. "La collection comprend aujourd'hui 80 titres, notre part de marché sur le secteur est de 5 %", indique Anne-Claude Bartin, directrice marketing du département parascolaire. Depuis sa création en 2008, la collection "Classico" de Belin s'est quant à elle taillé une part de marché d'un peu moins de 6 %, selon Annie Sirmai, directrice marketing de la maison. "Nous sommes la petite collection qui monte. Nous avons actuellement 71 titres au catalogue, nous en compterons une centaine d'ici à la fin de l'année." Belin peut notamment s'appuyer sur un partenariat avec Gallimard pour publier 50 % de titres contemporains inédits du catalogue Gallimard.
Magnard fait aussi la part belle aux oeuvres contemporaines et puise dans le catalogue de sa maison mère, Albin Michel, pour proposer des titres en exclusivité. Hachette Education et Hatier, en revanche, ont moins de latitude pour agir. "Nous publions peu d'oeuvres contemporaines, mais celles que nous avons se vendent très bien. Nous préférons nous concentrer sur des titres forts plutôt que disposer d'une offre trop large et de livres qui se vendent mal", souligne Cécile Labro, chez Hachette Education.