H comme Heydrich.
Commençons avec la transposition très classique et terriblement anglo-saxonne du best-seller de Laurent Binet, HHhH (Grasset, 2010). Prix Goncourt du premier roman et prix des lecteurs du Livre de poche, mais aussi primé aux Etats-Unis et parmi les livres de l'année selon le New York Times, le roman historique s'est vendu à plus de 240000 exemplaires en France depuis sa parution, tous formats confondus.
Ces mystérieuses initiales signifient Himmlers Hirn heisst Heydrich (Le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich). Le film de Cédric Jimenez reprend l'histoire de l'ascension fulgurante de Reinhard Heydrich qui devient chef de la Gestapo et bras droit d'Himmler. Un jeune soldat tchèque et un autre slovaque sont chargés de l'éliminer.
Production internationale, au casting cosmopolite, HHhH est un de ces films oscarisables. Laurent Binet n'a pas participé au scénario mais a été consulté pour donner son avis sur le scénario.
H comme héroïque.
L'héroïne du mois n'est autre que Wonder Woman. Personnage de l'univers DC Comics, elle a été créée en 1941 par Charles Moulton. Ce week-end, aux Etats-Unis, son lasso magique a récolté plus de 100 millions de dollars de recettes (88,7 millions d'euros). C'est la première fois qu'une super-héroïne a le droit à ses aventures sur grand écran. Gal Gadot, actrice chargée de l'incarner, était déjà apparue l'an dernier dans Batman v Superman: L'aube de la justice. On la retrouvera dès cet automne dans Justice League. En librairie, Wonder Woman est surtout publiée en France chez Urban Comics. La semaine dernière l'éditeur a sorti Wonder Woman rebirth. Vol. 1. Année un, Wonder Woman: dieux et mortels, vol. 2 et Tout l'art de Wonder Woman, qui propose un panorama thématique et esthétique de la princesse. Chez Fleurus, le 19 mai, est paru Wonder Woman de Jack Beaumont, un ouvrage documentaire et graphique pour découvrir son un univers. Taschen a réédité le beau livre 75 Years of DC Comics le 11 mai. Centum a édité un "Méga livre d'autocollants" dérivé du film ainsi qu'un roman du film. Enfin, Huginn & Muninn prépare pour juillet une encyclopédie illustrée.
Nous n'en avons pas fini avec les super-héros de comics: d'ici un an sont prévus en salles Spider-Man, Thor, Justice League, les X-Men et les Avengers.
H comme haine.
Présenté en séance spéciale à Cannes et diffusé dans le cadre de la rétrospective au Centre Pompidou consacré à son réalisateur Barbet Schroeder, Le vénérable W. est un documentaire saisissant sur un moine bouddhiste birman, Wirathu, qui prône exactement l'inverse des préceptes de sa religion: le rejet de l'autre, la haine et la violence. Profondément islamophobe, idéologue qui flirte avec la politique, ce moine conduit depuis 25 ans un combat sanglant contre les minorités musulmanes du Myanmar, et notamment les Rohingya. Si ce "vénérable" moine a fait l'objet de quelques reportages dans les magazines, personne ne s'est réellement penché sur son parcours et sa psychologie jusqu'à ce documentaire unique.
Cependant, on retrouve des publications en lien avec le sujet. Sur les Rohingya, Yves Bourny a publié en 2016 aux éditions du Masque d'or, La sœur de Mowgli: le génocide lent des musulmans de Birmanie. Aux éditions Arkuiris, Gabriel Defert avait édité (en 2007 puis en 2016) Les Rohingya de Birmanie: Arakanais, muslmans et apatrides. Sur le même thème et en évoquant Wirathu, Antonin Potoski avait écrit en 2013 Nager sur la frontière (Gallimard). Chez Mille et nuits, enfin, Jean Claude Buhrer et Claude B. Levenson avaient écrit un essai en 2007, Birmanie: des moines contre la dictature, autour de la répression militaire contre des bonzes qui avaient manifesté contre le pouvoir.
Sans oublier l'essai analytique sur l'œuvre de Barbet Schroeder, Barbet Schroeder: ombres et clarté, signé Jérôme d'Estais, paru en février chez Lett Motif.