ALAIN KAHN vient d'être fait chevalier. A 64 ans, il ne rejoint pas Seiya de Pégase au rang des chevaliers du Zodiaque - ce qui aurait été logique pour un éditeur de manga -, mais bien l'ordre des Arts et des Lettres, insigne qu'il s'est vu remettre mardi 3 juillet. Alors que la Japan Expo bat son plein, jusqu'au 8 juillet à Paris-Villepinte, cette décoration, la première remise à un éditeur de ce secteur, montre l'évolution des regards portés sur la BD japonaise depuis son arrivée en France dans les années 1990. "Le manga est passé d'une sous-culture honteuse à une oeuvre considérée de la culture populaire de masse", espère Alain Kahn, qui a cofondé Pika en 2000. Ce Franco-Américain découvre la culture japonaise alors qu'il est encore lycéen à Janson-de-Sailly (Paris) et que sa tante, conservatrice en chef du Petit Palais, lui ouvre les portes de l'exposition "L'au-delà dans l'art japonais". En 1967, devenu étudiant à HEC, il part en stage deux mois au Japon et sillonne le pays en essayant d'implanter une marque de cognac ainsi que des vins français. Si l'opération est un échec, il rentre à Paris avec une passion pour le Japon qui ne le quittera plus, notamment dans sa vie professionnelle, d'importateur de matériels informatiques (les premiers ordinateurs Amstrad) à passeur de BD japonaises. Au catalogue de Pika, filiale d'Hachette depuis 2007, on trouve énormément de succès de la Kodansha et des séries signées du Studio Clamp, de Tooru Fujisawa ou de Hiro Mashima. L'éditeur insiste : "Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises cultures, mais des livres que l'on lit dans un univers d'écran et de télévision."