Monographie de Paul Faucher, albums collectors, réécriture de classiques, événements… Le programme de célébration des 90 ans du Père Castor est particulièrement riche...
À mon arrivée en 2019, je me suis plongée dans l’histoire de la maison et j’y ai trouvé une certaine résonance avec les préoccupations des enfants d’aujourd’hui. Plutôt que de faire une simple commémoration, il m’a semblé intéressant de mettre en évidence ces ponts qui existent entre le catalogue des années 1930 et celui de 2020. En fait, il s’agit de remettre en lumière les liens entre le côté pionnier et éducation nouvelle du Père Castor et la création contemporaine qui est à l'œuvre aujourd’hui.
Ces liens sont d’autant plus visibles aujourd’hui qu’il y a de plus en plus d’adeptes d’écoles alternatives ...
Tout à fait ! Considérer que l’enfant peut apprendre à travers des systèmes qui ne sont pas classiques, c’est exactement ce qu’a fait Paul Faucher, le créateur de la maison. L’école qu’il a créée ressemble beaucoup aux écoles Montessori d’aujourd’hui. Les enfants pouvaient choisir les ateliers qu’ils souhaitaient faire et l’art, la musique et la gymnastique étaient aussi importants que les maths ou le français ! L’année dernière, on a d’ailleurs créé une méthode de lecture qui s’inspire des derniers apprentissages de la neuroscience pour continuer dans cette voie-là.
Père Castor, c’est aussi 90 ans d’archives reconnues en 2017 par l’UNESCO comme patrimoine mondial, cette notion d’héritage est-elle importante pour vous ?
Cela a été une très grande fierté pour nous. La maison regroupe un fonds absolument extraordinaire, c’est un vrai trésor qui représente 60% de notre chiffre d’affaires aujourd’hui. Cette distinction a aussi été une façon de mettre en avant le côté encore très vivant de la maison dans un espace médiatique où la littérature jeunesse a peu de place.
Pour vous, il y a un manque de reconnaissance de la part des médias ?
Je dirais plutôt un manque de visibilité. La littérature jeunesse, c’est 10000 nouveautés par an, son marché est le seul, avec la BD, à avoir autant explosé ces dernières années et pourtant la place accordée dans les médias français est encore très restreinte.
La littérature jeunesse a connu en 2020 un chiffre d’affaires en hausse, comment l’avez-vous ressenti au Père Castor ?
Les confinements ont paradoxalement été miraculeux pour le livre jeunesse. Les parents se sont retrouvés à la maison avec des enfants à occuper. Les albums jeunesse et les livres d’activités ont vraiment prospéré. Par exemple, notre méthode de lecture qui est parue en janvier 2020, est tombée en rupture de stock dès le mois de mars.
En tant que directrice de Flammarion jeunesse, vous vous occupez aussi de livres pour les plus grands, comment instaurer une dynamique entre toutes ces maisons ?
Avec les 3-10 ans le rapport texte/image est très poussé à l’inverse des ouvrages pour les plus grands où la tradition tend à enlever un maximum d’images. Quand on voit l’explosion des BD et des mangas dans le secteur jeunesse, je pense qu’il faut re-réfléchir la façon dont on s’adresse aux 10 ans et plus. Le savoir faire de Père Castor dans son rapport texte-image est, en ce sens, très inspirant.