Cela a commencé par la littérature. Dans sa famille, les côtes vendéennes bercées par la mer incitaient à la lecture de Jules Verne. Puis ce fut l’enfance et l’adolescence en Afrique du Nord. Depuis, René Guitton n’a jamais cessé de parcourir l’Orient. Il était donc tout indiqué pour signer ce Dictionnaire amoureux dans lequel il a dressé la liste alphabétique de ses bonheurs, mais aussi de ses déceptions. Comment ne serait-on pas inquiet par le déferlement actuel de la violence, du terrorisme et de la mort là où, hier encore, les communautés semblaient cohabiter ?
René Guitton ne propose pas une vision idyllique de l’Orient où tout ne serait que luxe, calme et volupté. Il s’insurge au contraire contre cet orientalisme de pacotille, cette vision de l’Orient façonnée par les Occidentaux. Son Orient, qui "va des rives orientales de la Méditerranée aux frontières orientales de l’Iran, golfe Arabo-persique et océan Indien, et des frontières nord de la Turquie actuelle à la mer Rouge", nous fait voyager dans les textes, les époques allant des pyramides de l’Egypte pharaonique à celles que projette de construire Dubai, les religions, les grandes figures et les sites fabuleux. On y trouve aussi Venise dont Malraux disait qu’elle était un Orient qui n’existe pas en Orient.
Dans les pas de Nerval, Chateaubriand, Gautier, Loti et tant d’autres, René Guitton s’avance amoureusement dans cet Orient fascinant et compliqué. Il est vrai que dans cette partie du monde, l’unité de temps se nomme éternité. L. L.