Bulles religieuses

"A ses origines, la BD religieuse avait une vocation pédagogique très classique. Aujourd’hui, un sujet spirituel peut toucher sans a priori tous les publics, aussi bien les croyants que les laïcs."Pascal Chaffois, La Procure - Photo Olivier Dion

Bulles religieuses

Très tôt, l’édition religieuse s’est intéressée à la bande dessinée afin de toucher le jeune public. Passage en revue des cases catholiques.

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Par Anne-Laure Walter,
avec Créé le 08.04.2016 à 01h30

La religion aime le 9e art et cette idylle remonte aux origines mêmes de la bande dessinée grand public. René Nouailhat, historien des religions, a consacré sur le sujet, dans Lesavatars du christianisme en bandes dessinées (Eme, 2014), une analyse détaillée en revenant aux premières heures des cases catholiques : "La BD confessionnelle franco-belge est née d’une certaine pastorale de l’Eglise grâce aux bons pères. Avec la création de Spirou et de Tintin dans les années 1930-1940, la thématique religieuse a été récurrente avant d’être transgressée et maintenant revisitée." Responsable de l’espace bande dessinée à La Procure, Pascal Chaffois explique : "A ses origines, la BD religieuse avait une vocation pédagogique très classique, avec notamment la vie des saints. Aujourd’hui, un sujet spirituel peut toucher sans a priori tous les publics, aussi bien les croyants que les laïcs. Un graphisme plus moderne, une liberté de ton et de style se prêtent plus facilement à une divagation poétique."

C’est le cas d’une série plébiscitée, Le voyage des pères, dont le quatrième tome, Barabbas, vient de paraître (après Jonas, Alphée, Simon), suivie d’une deuxième époque, L’Exode selon Yona, par David Ratte chez Paquet. François d’Assise de Dino Battaglia chez Mosquito, premier prix européen de la BD chrétienne 2011, a trouvé son public car il est porteur d’un message de fraternité. Les explorateurs de la Bible : le manuscrit de Sokoka de Delalande, Bertorello et Lapo (Glénat, 2015) joue le suspense à travers l’enlèvement à Jérusalem d’un moine dominicain. Chez ce même éditeur, la série Campus Stellae de Saint-Dizier et Mutti, un voyage initiatique et haletant, conte en quatre albums, via quatre voies et quatre destins, une quête spirituelle sur les chemins médiévaux de Saint-Jacques-de-Compostelle. Glénat toujours, dans la collection "Ils ont fait l’Histoire", après Saint Louis de Mariolle, Nikolavitch et Cenni, paru en janvier 2015, publie ce mois-ci Jeanne d’Arc de Legris, Noé et Gaude-Ferragu. Dans la collection "Graphica", Le kabbaliste de Prague de Makyo et Raimondo, d’après le roman de Marek Halter, qui embrasse la religion juive, paraîtra le 11 mai.

Plus libre et décalé, l’original et peu orthodoxe Dieu n’a pas réponse à tout de Benacquista et Barral (2 tomes chez Dargaud, 2007-2008) révèle le potentiel des bulles sur un thème prêtant à sourire et à réfléchir. Dans un spectre plus confessionnel, L’histoire des Bénédictins de Bidot, Hallé et Nève, chez Artège BD, raconte la vie de saint Benoît pour se poursuivre jusqu’au XXe siècle. Même la bande dessinée japonaise s’y met : le pape du manga, Osamu Tezuka (1928-1989), a connu un vif succès avec La vie de Bouddha (8 tomes chez Tonkam, 2004-2006). Kurokawa a choisi un positionnement plus décalé avec sa série à succès Les vacances de Jésus & Bouddha d’Hikaru Nakamura dont le tome 11 a été publié en mars, tandis que Variety Artworks, un collectif de dessinateurs nippons, a abordé dans la pure tradition manga l’Ancien et le Nouveau Testament, deux volumes chez Soleil, en restant fidèle au texte de la Bible.

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