La Commission européenne a accusé mardi 10 novembre le groupe Amazon d'avoir enfreint les règles européennes de concurrence. "
Selon des conclusions préliminaires, Amazon a abusé de sa position dominante comme place de marché en France et en Allemagne", a déclaré la commissaire à la Concurrence,
Margrethe Vestager, suite à une première enquête lancée en 2019.
Amazon vend directement des produits sur son site internet, mais l'enseigne propose aux commerçants indépendants une place de marché sur laquelle ils peuvent vendre aux consommateurs. Or, il apparaît que "
des volumes considérables de données non publiques des vendeurs sont à la disposition des salariés de l'activité de vente au détail d'Amazon", a indiqué la commissaire européenne. Ces données privées ont alimenté les algorithmes de l'entreprise, lui permettant par exemple de mieux calibrer ses offres.
Bruxelles a également annoncé l'ouverture d'une seconde "
enquête approfondie" visant la plateforme, soupçonnant un traitement préférentiel des offres d'Amazon ou des vendeurs de sa place de marché utilisant les services de livraison du géant américain. Ces soupçons concernent notamment le système de fidélisation PrimeLes vendeurs de la plateforme n'auraient pas un accès égalitaire aux utilisateurs, du service, qui sont souvent de gros acheteurs.
Les sanctions peuvent atteindre 10% du chiffre d'affaires.
Amazon dément
Amazon a immédiatement contesté ces conclusions. "
Nous sommes en désaccord avec les affirmations préliminaires de la Commission européenne et nous allons continuer à faire tous les efforts pour nous assurer qu'elle a une compréhension exacte des faits", a réagi l'entreprise dans un communiqué. Le distributeur affirme qu'il représente moins de 1% du marché mondial de la vente de détail et qu'il y a "
des concurrents plus forts dans tous les pays" où il opère. "
Aucune compagnie n'est plus attentive aux petites entreprises ou a fait plus qu'Amazon pour les soutenir depuis 20 ans", a-t-il ajouté. Ces derniers jours, Amazon, attaqué de toutes parts, a régulièrement utilisé ces éléments de langage visant à minorer son impact économique, mêlant commerce physique et commerce en ligne ou encore ventes de commerçants à particuliers et ventes de particuliers à particuliers.
Les annonces de Bruxelles surviennent alors qu'Amazon est de plus en plus
critiquée pour avoir profité de la crise sanitaire. L'enseigne a en effet triplé son bénéfice net à 6,3 milliards de dollars au troisième trimestre, tandis que les ventes d'entreprises tiers utilisant sa plateforme ont augmenté de 55%.
La Commission européenne doit annoncer en décembre de nouvelles législations pour mieux encadrer les grandes plateformes d'internet, en mettant notamment à jour sa directive e-commerce qui date de 20 ans.