4 février > Roman noir Brésil

Luiz Alfredo Garcia-Roza - Photo CHRISTIANA ISIDORO

Le Brésil où Luiz Alfredo Garcia-Roza situe les enquêtes de son héros, le commissaire Espinosa, n’est pas celui des favelas populeuses, ni de la misère, à moins qu’elle ne vienne télescoper, par accident - ou pour cause de meurtre - l’univers feutré et plus que confortable de la société où il vit et travaille, la bourgeoisie de Rio de Janeiro, celle des quartiers chics de Copacabana, Ipanema et Leblon. Des endroits de rêve, pour la majorité des Brésiliens qui n’y ont pas accès, et pour les touristes. Des endroits de cauchemar, aussi, quand le crime y rôde.

Cette fois, pour cette sixième enquête, Nuit d’orage à Copacabana, c’est un SDF unijambiste d’un certain âge, surnommé Le Maigre, que l’on retrouve assassiné, au terme d’une nuit de déluge, dans un cul-de-sac, une balle de .38 en pleine poitrine. Ce soir-là, de riches Cariocas recevaient quelques amis à dîner, dont Rogerio Antunes, un jeune oisif, et Aldo Bruno, un architecte d’intérieur accompagné de sa femme Camila, psychothérapeute héritière d’une grande fortune. Chacun des deux hommes est sorti chercher sa voiture, reparti à l’heure présumée du meurtre, et affirme n’avoir rien vu, lorsque le commissaire Espinosa vient les interroger, avec son tact habituel, de façon "informelle". Le policier est un intellectuel raffiné, amateur de littérature, un hédoniste qui, depuis son divorce, entretient une liaison torride et affectueuse avec la belle Irene. Mais, dans son travail, s’il sait user brillamment de psychologie, c’est un vrai pitbull qui ne lâche jamais rien. Aussi, convaincu que les deux garçons, Aldo surtout, lui ont menti, va-t-il mener, grâce à ses deux adjoints Ramiro et Welber, des flics méticuleux, honnêtes et bien élevés, tout comme leur chef, une traque sans merci. D’autant que son intuition se renforce lorsque Camila est retrouvée morte étouffée, nue et après avoir été droguée (mais pas violée), à son cabinet. Le mari serait-il coupable des deux meurtres, et quels seraient ses mobiles ? Quel est son rapport avec un vieux SDF ? Aurait-il décidé de se débarrasser de sa femme pour vivre avec sa maîtresse, la jeune et entreprenante Mercedes, qui travaille avec lui ?

Espinosa, au fil d’entretiens menés avec une rare maestria et d’investigations serrées, parviendra, évidemment, à résoudre cette dramatique affaire. Mais ce qui nous intéresse le plus, ce sont les personnages, la méthode policière, et cette ambiance carioca que Garcia-Roza, philosophe et psychologue de formation, ancien professeur de théorie psychanalytique à l’université fédérale de Rio, excelle à nous faire vivre. J.-C. P.

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