31 août > Roman Italie

Luna croit au père Noël. Quand les cadeaux n’arrivent pas, c’est seulement qu’il est reparti avec par la cheminée comme un voleur. Luna, la bien nommée, est souvent dans la lune, et a aussi les cheveux blancs, et une peau et un regard d’opale. La fillette albinos, sorte d’elfe et l’une des narratrices, fait partie de la petite foule des personnages pittoresques de D’où viennent les vagues de Fabio Genovesi. Station balnéaire de la côte toscane, Forte dei Marmi, d’où est originaire le lauréat du Strega des Lycéens 2015, est le théâtre des petits drames de la vie comme de ses joyeuses étincelles. Luna vit avec sa mère et son grand frère, Luca, un sublime surfeur blond, "le genre de garçons qui plongent les femmes en dépression, et les hommes dans les tourments de leurs quatorze ans, âge auquel, trouvant un de leurs camarades beau, trop beau, ils passaient la nuit à se tourner et se retourner dans leur lit en proie à la crainte d’être pédés et à la pensée des années de mensonges à leurs parents, de blagues idiotes des gens, voire de rossées infligées par des bandes de nazis de banlieue, qui les attendaient". Serena, mère célibataire à la beauté non moins magnétique, tire le diable par la queue. Des rumeurs courent : elle aurait "choisi le père sur catalogue" dans une clinique suisse… Pour repousser les assauts de la gent mâle, elle dit qu’elle a le sida.

Sandro, "le super prof" de Luca, tombe raide dingue de la parente d’élève lorsque cette dernière lui demande conseil au sujet d’une virée à Biarritz qu’entend faire son fils mineur. Sandro, remplaçant du remplaçant au lycée, c’est le quadra précaire obligé d’habiter encore chez ses parents. Avec ses compères Rambo et Marino, ils sont les représentants d’une génération italienne sacrifiée sur l’autel d’un système où les retraités règnent avec tout le mépris de leur pouvoir d’achat. Au casting s’ajoutent Zot, le jeune rescapé de Tchernobyl, et son grand-père adoptif, le vieux Ferro, qui voit les milliardaires russes racheter le sublime bord de mer. Dans ce petit bijou tragi-comique, le doux se mêle à l’amer. Le père Noël n’existe peut-être pas mais les rêves, si. Et "quand les rêves commencent, peu importe qu’ils durent une vie ou cinq minutes : les rêves commencent toujours à durer une éternité". Sean J. Rose

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