Du 29 au 31 mai à New York, Reed a développé, l'espace dédié aux fabricants de multiples produits susceptibles de compléter l'offre des librairies, de la papeterie aux peluches en passant par les parfums, les t-shirts ou les chaussettes. Ils sont 100 contre 40 un an plus tôt, indique Jennifer Martin, mais cela n'aura pas suffi à combler les mètres carrés dégagées par la réduction de la surface d'exposition des éditeurs.
Dans le prolongement d'un BookExpo 2018 déjà très affaibli, BookExpo 2019 a présenté un plan plus décousu, où les espaces de réunion des groupes, les stands d'autres produits que le livre ou même les stands et de vastes espaces libres tendaient à prendre le pas sur les stands de livres.
Si la manifestation s'est redéployée sur trois jours au lieu de deux en 2018, le premier, réduit comme le dernier à une demi-journée, est resté extrêmement calme. ¨Une foire en réalité concentrée sur une seule journée justifie-t-elle notre investissement ? C'est une très bonne question", ironise John Sargent, le P-DG de Macmillan, l'un des groupes du "Big Five", les cinq groupes dominants, qui rappelle la mobilisation de plusieurs dizaines de salariés qu'implique la préparation de BookExpo.
Le plus radical au sein du Big Five, HarperCollins a réduit sa participation à un gros kiosque et deux espaces de réunions. Des maisons importantes comme Chronicle Books ou Abrams, filiale de Média-Partcipations, ont renoncé à se déplacer. "Je crois très important qu'existe un événement où toute la profession se retrouve, mais là il faut vraiment le réinventer, s'exclame le P-DG d'Abrams, Michael Jacobs. Chaque année nous étions présents avec de nombreux événements mais, à la fin, le bilan était maigre, nous étions souvent entre nous."
Concentration de médias
P-DG du distributeur de Chicago Independent Publishers Group, Joe Matthews déplore aussi le "calme" de la manifestation, surtout le premier jour. Mais, note-t-il, "nous voyons tout de même pas mal de clients". Chez Simon & Schuster, la P-DG Carolyn Reidy, toujours très attachée à la manifestation, s'y révèle très présente. "Oui, la foire est toujours intéressante et il faut qu'elle subsiste", plaide le P-DG d'Hachette Book Group, Michael Pietsch, qui organisait comme plusieurs de ses confrères, jeudi 30 mai, un grand déjeuner de libraires. "C'est le seul endroit où nous pouvons mettre nos auteurs en face d'une telle concentration de libraires et de médias", souligne-t-il. Pour faciliter leur participation, en partenariat avec l'Association des libraires américains (ABA), BookExpo a d'ailleurs versé une aide de 1000$ chacun à 200 libraires dont c'était la première visite ou qui n'y avaient plus mis les pieds depuis au moins cinq ans.
Les éditeurs internationaux, eux, ont affiché une participation très modeste malgré l'accord conclu par BookExpo avec la New York Rights Fair (NYRF), lancée l'an dernier par la foire de Bologne, Combine Book Exhibit et notre confrère Publishers Weekly. La NYRF est désormais intégrée à BookExpo mais, tout au fond du hall, peu visible derrière l'espace de repos des bibliothécaires, ses trente tables de négociation de droits et autant de stands restent très peu achalandés. Seul l'espace de conférence fait recette avec un programme qui séduit tout au long de la foire.
Succès pour la BD française
"Ce n'est pas sympa de nous accueillir de cette manière, s'agace Sophie Castille, responsable des droits pour Mediatoon (Média-Participations), l'un des cinq éditeurs (contre une petite quinzaine en 2018) présents sur le stand du Bureau international de l'édition française (Bief) avec L'Ecole des loisirs, Hélium, Flammarion illustrés et les Editions animées. On a vraiment l'impression qu'ils ne veulent pas de nous."
"Le bilan est plus que mitigé, confirme Jana Navratil Manent chez Flammarion. On ne rentabilise le voyage que parce qu'on va voir les éditeurs américains dans leurs bureaux." "Pour les Etats-Unis, nous réfléchissons aussi à d'autres formats qui permettent à nos adhérents de maximiser leur présence à New York en rencontrant un maximum d'interlocuteurs", annonce le directeur général du Bief, Nicolas Roche, qui prévoit une décision dès juin.
Le plus positif, pour les Français, reste l'exposition-cocktail organisée jeudi soir 30 mai dans un hôtel proche de la foire par la French Comics Association pour la troisième année consécutive. Quelque 90 éditeurs américains sont venus découvrir les nouveautés de 17 éditeurs français de bandes dessinées dans une ambiance joyeuse et bon enfant. Un vrai succès.