13 ET 24 AVRIL - HISTOIRE France

Jules Bonnot cerné et tué par la police à Choisy-le-Roi en avril 1912.- Photo PHOTO RMN - T. LE MAGE

Les gangsters, les assassins et les terroristes célèbres ont toujours pris soin d'apposer un vernis idéologique à leurs méfaits. Souvent plus par intérêt que par conviction. Pour Jules Bonnot, ce fut l'anarchisme. L'affaire fit grand bruit, comme le rappelle Pierre-Robert Leclercq. Il a dépouillé tous les journaux de l'époque. Ce précurseur de Clyde Barrow devint si populaire par ses meurtres et ses braquages que la police judiciaire employa de nouveaux moyens, assez explosifs, pour le déloger ! En cela, il y a bien un avant et un après la bande à Bonnot.

Pierre-Robert Leclercq nous montre tout cela avec vivacité. Il a retrouvé les coupures de presse et les débats animés entre L'Action française de Léon Daudet et L'Humanité de Jean Jaurès. Bref, il nous fait ressentir la fin d'une époque que l'on qualifia de "belle". Celle de la jupe-culotte de Paul Poiret, des ronds-de-cuir de Courteline et du vol de La Joconde dont on accusa Apollinaire. Jules Bonnot fut le premier de sa bande de "bandits tragiques" à disparaître à la suite de l'assaut de la villa où il s'était réfugié. C'était en avril 1912, il y a un siècle.

On retrouve cette équipée sauvage dans Une histoire criminelle de la France d'Alain Bauer et Christophe Soullez, où Bonnot marque une rupture avec l'utilisation de l'automobile pour accomplir ses forfaits. L'ouvrage qui compile, via des encadrés, les faits les plus importants du Moyen Age à nos jours, du brigandage au terrorisme, peut également se lire comme une histoire de l'Etat, ou plutôt de la manière dont l'Etat s'est construit pour se protéger de la violence faite sur son territoire avec la création de services spécialisés, de cabinets noirs, d'officines de renseignement et de pelotons d'intervention.

Ainsi Vidocq annonce le début des détectives et le crime comme objet littéraire sous les plumes de Balzac, Hugo ou Dumas. Les tueurs en série, qui surgissent sous le second Empire - si l'on excepte le cas Gilles de Rais au Moyen Age -, obligent à repenser les délits. Quant aux célèbres Brigades du Tigre, elles ont été formées autant pour lutter contre les nouvelles bandes organisées que contre les nomades qu'on nommait alors les Romanichels... Et que dire de Vichy qui perfectionna le fichage des individus et favorisa l'avancée de la police scientifique !

Spécialiste du crime, Alain Bauer est aussi un conseiller officieux de Nicolas Sarkozy dans ce domaine. Il a récemment obtenu que la criminologie devienne une discipline universitaire autonome. D'où ce voyage en criminalité, autant destiné à rappeler ce qu'elle nous dit de la société qu'à valoriser une compétence et un enseignement spécifiques, susceptibles d'améliorer la compréhension des phénomènes actuels.

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