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Bilans contrastés des exposants au salon du livre de Genève

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Bilans contrastés des exposants au salon du livre de Genève

Très riche en animations et rencontres professionnelles, le 31e salon du livre de Genève affiche une légère baisse de fréquentation.

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Par Hervé Hugueny,
Créé le 02.05.2017 à 21h09

Pendant 5 jours, du 26 au 30 avril, le 31e salon du livre de Genève a accueilli 89000 visiteurs, selon un bilan établi dimanche soir, deux heures avant sa fermeture par les organisateurs. L'an dernier, il avait reçu 94000 visiteurs. La baisse de fréquentation est attribuée à une météo très clémente, le dernier jour, et à la configuration différente des vacances de Pâques en France voisine.
 
Chez les exposants que nous avons pu joindre, les expériences sont contrastées, les spécialistes de la jeunesse et les éditeurs ou diffuseurs suisses semblant plus satisfaits que les Français. "Le salon s'est très bien passé, nous n'avons pas souffert du fléchissement de la fréquentation, notre stand a toujours été très occupé. Les ventes sont satisfaisantes, au niveau de l'an dernier. J'ai un peu réduit le nombre d'auteurs présents et c'était mieux, avec des débats de haute tenue, et une écoute attentive dans le public", témoigne Caroline Coutau, directrice de Zoé, une des principales maisons romandes de littérature.
 
Soutien aux petites maisons

Alain Berset, cofondateur de Héros Limite, qui publie en littérature, essais et sciences humaines, exposant dans la grande tente blanche réservée par le Cercle de la librairie de Genève, se dit aussi très satisfait de cette 31e édition, et de cette formule qui permet aux petites maisons genevoises d'exposer dans des conditions qu'elles ne pourraient s'offrir par elles-mêmes. "C'est aussi une occasion d'échanger avec nos confrères, et c'est finalement presque la seule de l'année", note l'éditeur du témoignage d'un facteur de la ville, récemment remarqué.
 
Alain Cortat, cofondateur de l'Alphil (sciences humaines et universitaire) se félicite aussi d'une bonne fréquentation et d'un bon volume de ventes, remarquant la sensibilité des visiteurs aux remises consenties à l'occasion du salon, tout particulièrement sur la collection "Focus", présentant des synthèses sur différents sujets, dans un format poche. En revanche L'Age d'homme (littérature, essais, et pratique) se montre plus mitigé, soulignant la satisfaction des auteurs en raison des tables rondes et de l'espace qui leur ont été accordés, mais regrettant la baisse du nombre de visiteurs et des ventes qui n'ont pas couvert les frais. "Est-ce que Palexpo demeure encore un lieu approprié pour le Salon du Livre? L’espace est très grand, il y a de moins en moins de stands et c’est quand même relativement cher", s'interroge Romain Fontenelle-Aury, responsable de la maison basée à Lausanne.
 
Stabilité de la jeunesse

En jeunesse, la tendance paraît plutôt bonne. Kenzan, société de communication genevoise qui réinvestit depuis trois ans ses bénéfices dans l'édition, a vendu près de 700 exemplaires de sa série Téo et Léonie, un peu moins que les 850 de l'an dernier, mais le score reste appréciable pour ses responsables. Sur le stand d'Heidiffusion, qui représente notamment Auzou en Suisse, la série Maëlys s'est vendue "au total à 1500 exemplaires, avec ceux de la librairie jeunesse voisine", précise Luc Feugère, le fondateur de cette société de diffusion.
 
Sur la librairie jeunesse, le bilan des ventes est finalement stable, en raison d'une baisse de fréquentation dimanche, indique Pascal Vandenberghe, patron du réseau Payot, à qui avait été confié cet espace. Les ventes de L'école des loisirs, représentée en Suisse par Servidis, ont progressé de 5 à 6%, évalue Jean-Baptiste Dufour, directeur de la filiale de diffusion-distribution commune aux groupes Slatkine et La Martinière, de même que celles de l'Aire, une maison romande de littérature également distribuée par Servidis. "Et notre tout nouveau stand de jeux pédagogiques et éducatifs n'a pas désempli", se félicite Jean-Baptiste Dufour, qui testait pour la première fois cette diversification. Le salon de Genève consent un effort important en faveur des jeunes, facilitant les visites de classes pendant les deux premiers jours, et organisant de multiples conférences, avec une attention particulière aux thèmes de vie en société.
 
Du côté des Français

En revanche Actes Sud, qui a repris sa représentation en direct après l'avoir confiée auparavant à Servidis, est déçu: "Nous accusons une baisse de 10%. Nous avions Kamel Daoud, Victor Del Arbol, Magyd Cherfi et Alex Capus et ils ont chacun signé une dizaine de livres. C’est assez étonnant, ce contraste avec Paris et Bruxelles", regrette Aurélie Lhotel, responsable export de l'éditeur français. Jean-Michel Brille, responsable de la représentation de Gallimard en Suisse, constatait aussi la faible fréquentation du mercredi et du jeudi, bien que le premier jour soit gratuit, et une baisse des ventes, en dépit de quelques belles signatures (René Prêtre, Jean-Christophe Rufin notamment). 
 
Avec ses grandes composantes (Gallimard, Flammarion et Casterman), Madrigall était un des seuls groupes français présents, avec Actes Sud. Pour palier cette absence, qui dure depuis plusieurs années, Palexpo, société exploitante des lieux et organisatrice du salon, a ouvert 12 points de vente thématiques, confiés à des libraires ou gérés en direct pour quatre d'entre eux. "Nous y avons exposé cette année 6000 références, et les ventes ont été stables" indique Adeline Beaux, directrice du salon, qui organise également de très nombreuses animations sur une douzaine de scènes thématiques. Bertrand Morisset, ex-commissaire du salon du livre de Paris, est chargé d'une analyse des raisons de cette désaffection des éditeurs français, alors qu'ils représentent environ 80% des ventes en Suisse romande.
 
Journées professionnelles

Pour faire venir des visiteurs professionnels, même s'ils ne sont pas exposants, le salon a organisé aussi deux journées à leur attention, sur la relève dans les métiers de l'édition en Suisse, et sur l'exportation du livre dans l'espace francophone pour cette année. Un thème en rapport avec l'invité d'honneur, le Québec. "Nous sommes toujours présents, mais nous avons presque décuplé notre surface d'exposition, avec plus de 500 m2. Nous trouvons à Genève une présence et une attention des visiteurs inconnues à Paris, où il est bien plus difficile de se faire remarquer", déclare Karine Vachon, directrice des salons et des foires chez Québec édition, l'organisme interprofessionnel de la province canadienne dédié à la promotion du livre québécois à l'étranger, qui attend une progression des ventes de ses éditeurs en Suisse romande, à la suite de son investissement.
 
Le 32e salon du livre de Genève sera organisé du 25 au 29 avril 2018, avec le canton du Valais en invité d'honneur.

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