Le 12 août, Victor Dumiot a reçu pour son roman Acide (Bouquins) le prix Maison Rouge décerné à Biarritz par un jury composé notamment de Philippe Djian, Frédéric Beigbeder et Isabelle Huppert. Reportage.
Depuis cinq ans, la rentrée littéraire c’est d’abord une fête. Un soir, une nuit, quelque part sur les marges extrêmes de l’Atlantique. À Biarritz donc, et plus précisément entre les murs et dans le jardin d’une de ces demeures biarrotes, un peu gothiques, très luxueuses, sises entre l’océan et le navire échoué (alangui ?) sur la plage qu’est l’hôtel du Palais. Précisément au 20 avenue de la Reine Victoria, une maison comme un phalanstère, la Maison Rouge.
C’est le nom que ses propriétaires, Céline et Daniel Farré, amoureux autant de littérature que de leur Pays Basque d’adoption, ont donné à un prix littéraire, créé en 2019, qui se fait fort chaque mois d’août « d’ouvrir » en quelque sorte la rentrée littéraire avec ce prix qui selon l’un des membres du jury, l’éditeur et romancier Jean Le Gall, « au-delà même d’un livre, se fait fort d’identifier dans la floraison éditoriale de rentrée un talent qui mérite d’être pleinement découvert et reconnu; une œuvre déjà ». C’est ainsi qu’au fil des ans ont été successivement primés (souvent avant que d’autres récompenses ne viennent pour eux prendre le relais) Alexandre Labruffe, Dorothée Janin, Abel Quentin et Victor Jestin. Le jury, présidé depuis sa création par Philippe Djian, réunit des personnalités venues de tous les horizons, littéraires bien sûr, mais aussi cinématographiques et artistiques, ayant en commun un identique attachement au Pays Basque (et un goût prononcé pour les fêtes et la joie). Il se composait cette année de Frédéric Beigbeder, Isabelle Huppert, Jean Le Gall donc, Claude Nori, Frédéric Schiffter, Dorothée Janin-Goldman, Guillaume Durand, Julie Manou-Mani (alias Mamouz). Victor Jestin, lauréat du Prix Maison Rouge 2022, était invité en son sein afin de participer à l'élection de son successeur.
La littérature entre cocktails et acid house
Après une sélection d’une soixantaine de titres, cinq livres restaient en compétition : Perdre de Jean Carrère (Allia), Humus de Gaspard Koenig (l’Observatoire), Rocky, dernier rivage de Thomas Gunzig (Diable Vauvert), La troisième main d'Arthur Dreyfus (P.O.L) et Acidede Victor Dumiot (Bouquins). Samedi 12 août, après des débats cordiaux mais animés, c’est donc le premier roman de Victor Dumiot qui l’a emporté (et avec lui les 5 000 euros et le séjour à l’Hôtel du Palais promis au récipiendaire du prix). Ce normalien, spécialiste de Barthes et Foucault, livre avec Acide une radioscopie radicale de notre époque, fiction sur l'identité et la reconstruction de soi dans notre société de l'image, exploration de l'addiction sexuelle dans les bas-fonds d’Internet. La noirceur du propos est tempérée par la force de l’écriture. Cette descente aux enfers est de celles qui ne se laissent pas oublier.
"Acide" de Victor Dumiot
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Pas de descente aux enfers en revanche, juste un transit vers la nuit, pour les 250 personnes venues samedi dernier assister à la remise du prix. Parmi eux des « beautiful people », la maire de Biarritz, Maider Arosteguy, noblesse oblige, mais aussi le romancier et par ailleurs ministre de l’Économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire dont les attaches dans le pays sont désormais bien connues ou Joey Starr, venu lui aussi en voisin.
Tout ce petit monde papotant gaiement (et de plus en plus gaiement au fil des heures…) littérature entre cocktails et acid house, avant que Frédéric Beigbeder, indispensable maître de cérémonie, ne s’avise de mixer depuis la cave de la Maison rouge. Les ultimes échos de la fête de ce « prix de Flore » du Sud-Ouest ont fait état d’une fin, après un passage dans la célèbre boîte de nuit biarrotte « L’Opiom », à l’aube sur la plage. Marcello, la dolce vita, tout y était…
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Par
Antoine Masset
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