En 2020, l’ABC de la nature a été couronné par la Pépite d’or du Salon de Montreuil. Cette année, vous revenez avec un nouvel imagier, mais il est un peu différent...
Les trucs, c’est un mélange d’objets et de nature que l’on ne trouve pas souvent dans un imagier. C’est un classement un peu improbable rigolo et poétique où il est possible de relier un morceau de fromage à un écumoire.
Pourquoi avez-vous eu cette envie ?
J’aime amener les enfants à admirer les objets simples. Avec un imagier, on peut tout regarder en détail et vraiment rentrer dans l’image. Apprendre aux enfants à regarder et à s’émerveiller, c’est les amener à respecter ce qu’ils voient. On peut même y voir une façon d’apprendre à respecter l’autre.
Quelle place a le mot dans un imagier ?
Le mot est essentiel pour l’apprentissage. C’est tellement bien de reconnaître les choses et les nommer ! En donnant un nom aux choses elles deviennent plus précises, plus précieuses. Par exemple, cet oiseau n’est plus un simple oiseau, c’est un jaseur boréal et ça c’est génial !
Il s’agirait-donc d’une question d’héritage ?
Donner le nom aux choses, c’est une espèce de transmission. Enfant, c’est mon père qui m’a donné cet amour de la nature et qui me l’a transmis en m’apprenant le nom des choses. Un jour, quand j’étais petite j’ai trouvé une plume bleue. Il m’a expliqué qu’elle venait d’un geai. Étant donné la couleur de la plume, j’ai imaginé dans ma tête de petite fille un oiseau féérique, entièrement bleu…je l’ai guetté longtemps dans le jardin !
Contrairement à de nombreux illustrateurs, vous n’avez pas délaissé le pinceau au profit de la tablette graphique, plus pratique et rapide, pourquoi ?
Un pinceau sur du papier, c’est quelque chose d’assez sensuel que l’on ne retrouve pas avec un écran. J’aime quand il y a de la matière, quand il y a des accidents ou des poils de pinceaux coincés dans la peinture et surtout j’ai un plaisir immense à m’en mettre partout ! Je pense que cette jouissance de la peinture ça se ressent dans les livres.
Cette façon de travailler, vous n’ en avez pas changé depuis le début de votre carrière ?
J’ai commencé il y a 25 ans et il faut dire, il y a 25 ans la concurrence était moins rude. Aujourd’hui, il y a plus d’écoles tournées vers l’illustration jeunesse, ce qui est bien d’un point de vue créatif, mais qui se ressent également dans les ventes ! Parmi toutes ces choses intéressantes qui sortent constamment, les succès se délitent un peu, c’est difficile de percer pour ceux qui arrivent.
Selon vous, l’édition jeunesse en a été impactée ?
En jeunesse, depuis les années 2010, le commercial a pris le pouvoir sur l’éditorial. C’est lui qui décide du tirage, c’est à lui qu’il faut envoyer les épreuves…De mon côté, j’ai la chance d’avoir une certaine liberté face à ça. Par contre, je le ressens dans le secteur en général.