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Aux vœux du SNE, Vincent Montagne loue la "vitalité" du livre

Vincent Montagne aux voeux 2020 du SNE - Photo Fabrice Piault

Aux vœux du SNE, Vincent Montagne loue la "vitalité" du livre

Le président du Syndicat national de l’édition s’est félicité de la résilience de son secteur, tout en soulignant les fragilités des maillons de la chaîne du livre.

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Par Nicolas Turcev
Créé le 10.01.2020 à 18h00

Devant un parterre de professionnels du livre réunis au siège du Syndicat national de l'édition, à Paris, jeudi 9 janvier pour la cérémonie des vœux organisée conjointement par le SNE, le Bureau international de l'édition française et le Cercle de la librairie, Vincent Montagne s’est félicité de la "vitalité" du secteur du livre. Intervenant après les présidents du Cercle, Denis Mollat, et du Bief, Vera Michalski, qui ont chacun présenté l'évolution de l'activité de leur organisme, le président du SNE a mis en avant "une tendance globalement à la hausse, avec environ 2% de croissance [du chiffre d’affaires] sur l’année". Et ce "malgré un contexte tendu sur le plan économique et social [et] un mois de décembre négatif".
 
Celui qui est aussi président de Média-Participations a souligné "l’attractivité à l’international" du livre français. "Jamais nous n’avons reçu autant de demandes de pays étrangers d’être pays ou villes invités d’honneur au salon du livre de Paris," s’est-il réjoui. "Encore faut-il que nous soyons présents pour les y accueillir!", a-t-il toutefois précisé à l'intention de ses confrères qui envisagent de ne pas participer à la manifestation.
 
Une architecture fragile
 
Vincent Montagne a cependant relevé les fragilités des "maillons" qui composent la chaine du livre, à commencer par le lectorat. "Qu’on le veuille ou non, nous perdons des lecteurs," a-t-il constaté, attribuant la désertion progressive des lecteurs à la concurrence "d’autres formes de loisirs et de culture". L’éditeur a également relevé la "fragilité des bibliothèques et [la] faiblesse de leur budget", ainsi que les difficultés des libraires, minés par l’hégémonie des grandes plateformes de vente sur internet.
 
Le président du SNE s’est ensuite attardé sur le rôle des auteurs, "dont la situation économique et sociale est difficile et précaire pour beaucoup d’entre eux," a remarqué le dirigeant. Il a néanmoins rejeté "la tentation de se tourner vers l’Etat et les pouvoirs publics pour légiférer, légiférer pour mieux normaliser," en référence à la demande de certaines associations d’auteurs de faire entrer dans le droit une rémunération minimum sur chaque ouvrage vendu.
 
"L’histoire nous enseigne que la normalisation a des conséquences dramatiques dans le domaine de la création et qu’elle conduirait a minima à la disparition de nombreux auteurs et de nombreuses maisons d’édition, donc à l’appauvrissement de la création littéraire," a estimé Vincent Montagne. Et le président du SNE de rappeler que "74% des maisons d’édition sont en difficulté et la moitié des 720 maisons d’édition adhérant au SNE réalisent moins de 350000 euros de chiffre d’affaires".
 
"Plus de transparence"
 
Relayé sur Twitter, le discours du président du SNE a suscité la réaction de nombreux auteurs, dont celle de Samantha Bailly, vice-présidente de la Ligue des auteurs professionnels. "L’argument de la fragilité de l’édition est très intéressant. Statistiquement, on mélange la situation de petits éditeurs indépendants avec celle des grands groupes. La fragilité est du côté des auteurs et autrices, des petites maisons indépendantes et des salariés des maisons d’édition. Ce n’est pas un secteur qui est fragile, mais certains de ses maillons qui sont des individus," note l’auteure dans une série de tweets.
 
"Légiférer est la clef pour redonner à la création française plus d’éclat et d’ambition, continue-t-elle. Revaloriser le travail créatif et la prise de risque éditoriale, c’est bien assurer une création de qualité. Aujourd’hui les groupes éditoriaux peuvent économiquement produire toujours plus de livres car de fait, la fabrication est peu chère et l’auteur peu rémunéré. Ce sont les auteurs sous-payés qui financent la surproduction."
 
Plutôt que de légiférer, Vincent Montagne propose aux éditeurs de faire preuve de "plus de transparence" avec les auteurs "au sujet des ventes d’ouvrages en France". Il estime également que la filière doit être plus "vertueuse et efficace en matière de reddition des comptes, notamment en termes de fréquence d’information communiquée [aux] auteurs et de versement de leur rémunération". Le président du SNE propose de mettre en place "un fonds d’aide aux éditeurs défaillants à l’égard de leurs auteurs", à l’image de l’Association pour le développement de la librairie de création, créée par les éditeurs pour soutenir les libraires.

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