Quel bonheur de devenir, un instant, un instant seulement, un touriste à Paris. Pendant huit jours j'ai arpenté les rues de ma ville en compagnie de Sue, une amie américaine. Ciel bleu, soleil d'été, avec ce qu'il faut de nostalgie pour faire de cet instant un moment délicieux. Emouvant. Du Grand Palais où l'artiste Anish Kapoor expose son œuvre monumentale (à ne rater sous aucun prétexte) à l'Hôtel du Nord (où j'ai refusé un thon japonais...) en passant par un dîner à La Coupole (où le fameux “Ça c'est Paris !” saluant les anniversaires des clients est maintenant entonné par des serveurs venant de tous les continents), nous avons partagé des heures de bonheur. D'autant plus précieuses que je n'avais guère vu Sue, la femme de John Leonard, le plus grand critique littéraire américain, depuis la mort de ce dernier au lendemain de l'élection de Barack Obama. Sue était passée à Paris l'année dernière mais le deuil l'enfermait et elle s'était refusé à revoir les lieux qu'elle avait aimés avec John. Cette fois, Paris lui était ouvert et elle a passé ses journées à des matinées de promenades solitaires autant que nostalgiques et à des après-midi et soirées joyeuses avec ses amis. Dix fois au moins nous avons levé nos verres avec toujours le même toast : “To books and friendship !” John était un homme de livres et Sue a collecté quelques-uns des milliers d'articles qu'il a consacré à ce sujet de 18 ans jusqu'à son dernier jour pour un livre à paraître à l'hiver prochain, Reading for my life (Viking Penquin). Un siècle de culture et un style unique. Nous avons bien ri quand elle nous a raconté qu'une jeune éditrice a trouvé ce manuscrit “un peu long pour la génération twitter” ou quand une correctrice a changé dans un des textes de John des années 60 l'US Aid (une agence de développement) en US Aids (quelque chose comme le sida américain). Ma femme, qui en est aux deux tiers de son livre, a envié Sue d'avoir fini son œuvre juste avant de s'envoler pour Paris. Et moi je me suis lamenté en attendant une réponse d'un éditeur. Oui, vraiment aux livres et à l'amitié ! Lorsque je l'ai laissée à Roissy, en me disant au revoir elle m'a offert un livre. Ragtime , de E. L. Doctorow, qui écrit la préface du livre de John Leonard, un de ces grands auteurs américains que je n'avais pas lus. Bonheur anticipé. Vieillir, c'est voir ses amis partir. Les livres demeurent. Blog Express : Critiques, interviews, événements littéraire, publicité, la biblioboule se professionnalise. Wrath, la bloggeuse dont je vous ai parlé la semaine dernière, m‘a répondu. Elle envisage de créer un prix. Sa consoeur en blogitude, Anne Sophie Demonchy, a pris de l'avance. Elle anime déjà le prix de l'Inaperçu qui a été remis à Stéphane Fière pour Double bonheur (Métaillé) et à Marcel Théroud pour Au Nord du monde (Plon), deux livres qui ne passeront plus inaperçus après cette récompense (voir notre actualité du 12 mai) . PS (oups !) : Comme tout le monde qui surfe sur Internet, je suis abreuvé de spams que j'efface sans plus y réfléchir. Pourquoi cette semaine me suis-je étonné de ces propositions, venues la plupart du temps des Etats-Unis, de penser à faire grossir, élargir ou allonger mon penis ? Z'ont un problème ?
15.10 2013

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