Proclamation

Nasser Abu Srour, lauréat du prix de la littérature arabe 2025

"Je suis ma liberté" de Nasser Abu Srour (Gallimard) - Photo Gallimard

Nasser Abu Srour, lauréat du prix de la littérature arabe 2025

Le Palestinien Nasser Abu Srour est récompensé pour Je suis ma liberté (Gallimard), récit de ses décennies de détention en Israël. La mention du prix de la littérature arabe pour la traduction est attribuée à Stéphanie Dujols.

Par Charles Knappek
Créé le 19.11.2025 à 09h25

Le prix de la littérature arabe 2025, créé par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, est décerné à l’auteur palestinien Nasser Abu Srour pour Je suis ma liberté, paru chez Gallimard (traduit de l'arabe par Stéphanie Dujols), récit de ses décennies de détention en Israël. La mention du prix de la littérature arabe pour la traduction est attribuée à Stéphanie Dujols.

Lire aussi : « Je suis ma liberté » de Nasser Abu Srour (Gallimard) : « On se sent tout petit lorsqu’on traduit un texte pareil »

Nasser Abu Srour, qui a passé 32 ans en prison en Israël, ayant été condamné en 1993 pour complicité dans l'assassinat d'un officier des services de renseignement israélien, a été libéré en octobre. Il succède à l’écrivaine Amira Ghenim qui a reçu le prix de la littérature arabe en 2024 pour son roman Le désastre de la maison des notables (éd. Philippe Rey [Barzakh] - Collection Khamsa.

« Récit personnel, introspectif et philosophique sur la condition du condamné »

Le jury du prix, présidé par Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020, a été sensible « aux qualités littéraires de ce récit personnel, introspectif et philosophique à travers lequel l'auteur explore sa condition de condamné pour rester vivant et aborde les questions d'identité, de résilience, de religion, de dignité, d'amour et de liberté, tout en entretenant la mémoire collective de son peuple. La belle traduction de Stéphanie Dujols restitue parfaitement l'écriture poétique de l'auteur et la puissance de son récit ».

Jack Lang, président de l’IMA, souligne « son attachement inconditionnel à ce Prix de la littérature arabe qui met à l’honneur une création littéraire de très haut niveau encore trop méconnue et qui, pour la première fois, récompense le travail des traducteurs, indispensable à sa diffusion ».

Je suis ma liberté raconte l’histoire de Nasser, condamné à perpétuité et qui dit adieu au monde. Au fil des années, un lien particulier s’est noué entre ce palestinien et le mur qui lui fait face : celui-ci s’anime, répond et change d’apparence selon que l’espoir ou le renoncement domine. Surtout, il lui inspire ce texte. Depuis sa cellule, Nasser raconte son histoire et celle de son peuple comme s’il les extirpait du mur, faisant surgir par ses mots le monde qu’il a quitté. Lorsque Nanna, une jeune avocate qui rend visite aux prisonniers, s’éprend de cette âme libre, le monologue du condamné devient dialogue ardent. Mais l’amour peut-il patienter ?

Stéphanie Dujols, mention spéciale pour la traduction

Stéphanie Dujols est traductrice de littérature arabe contemporaine. Elle a travaillé également comme interprète pour des organisations humanitaires. Depuis une dizaine d’années, elle réside entre Le Caire et la France, après avoir vécu entre autres en Palestine, en Jordanie et à Alexandrie. Elle a traduit de nombreux romans sélectionnés dans le cadre du prix de la littérature arabe. Le jury a choisi de consacrer son formidable travail de traduction pour ce livre, et l’ensemble de son œuvre.

Le jury, présidé par Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020, était composé de Nada Al Hassan, spécialiste du patrimoine culturel ; Mahi Binebine, peintre et écrivain ; Gilles Gauthier, ancien ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d'Alaa El Aswany ; Pauline Hauwel, Secrétaire Générale du groupe Lagardère ; Houda Ibrahim, auteure et journaliste à Radio France Internationale (RFI) et Nathalie Sfeir, Responsable de rayon à la librairie-boutique de l’IMA.

Créé en 2013 par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, le prix de la littérature arabe distingue la création littéraire issue du monde arabe. Ce prix (doté de 8 000 euros) promeut l’œuvre (roman ou recueil de nouvelles) d’un écrivain originaire de la Ligue arabe, auteur d’un ouvrage écrit en arabe et traduit en français (ou directement écrit en français).

Le prix s’attache à porter une attention particulière aux œuvres traduites, grâce à une mention (dotée de 2 000 euros) attribuée à un traducteur d’une œuvre figurant dans la sélection finale du prix.

La Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe souhaitent donner en France une voix aux auteurs arabes et aux traducteurs et promouvoir leurs œuvres dans le paysage culturel français et occidental.

Le prix de la littérature arabe des lycéens proclamé le 18 décembre

En 2025, la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du Monde Arabe remettront à nouveau le prix de la littérature arabe des lycéens (doté de 4 000 euros). Des élèves de lycées généraux, technologiques et professionnels de l’Académie de Versailles et de Tunisie sont amenés à voter pour leur ouvrage préféré parmi la sélection finale. En parallèle du Prix, les lycéens seront invités à participer à des travaux de lecture, d’écriture, à des ateliers de création plastique et à des rencontres avec les auteurs.

Ce prix s’inscrit dans la lignée des engagements de la Fondation Jean-Luc Lagardère, de l’Institut du monde arabe et de l’Académie de Versailles en faveur des enjeux d’interculturalité, et dans leur volonté d’accompagner les jeunes dans la construction d’un regard sur l’altérité et sur les différentes cultures du monde. En 2024, c’est le roman Bientôt les vivants (éd. Gallimard) de l’autrice Amina Damerdji qui a remporté ce Prix. La cérémonie de remise du Prix de la littérature arabe des lycéens se tiendra le jeudi 18 décembre 2025.

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