En janvier dernier, les deux éditeurs généralistes allemands Aufbau (Berlin) et Eichborn (Francfort) annonçaient leur union future (1). Certains observateurs avisés craignaient alors un mariage un peu désespéré entre deux maisons économiquement chancelantes. Ils n'avaient pas tort.

Le 17 juillet, Matthias Koch, propriétaire de Aufbau Verlag, a annoncé qu'il cédait la majeure partie des actions qu'il détient dans Eichborn, tout en conservant une minorité, pour, dit-il « soutenir Eichborn et faire en sorte que la maison poursuive une programmation indépendante ».

Depuis janvier, un véritable feuilleton s'est en effet déroulé, avançant au rythme des difficultés financières de Eichborn. Dès l'annonce du rapprochement avec le berlinois Aufbau, son patron, Matthias Koch, entrait pour 75% dans le capital de Eichborn, avec le projet d'une vraie fusion passant par le déménagement des équipes de Eichborn vers Berlin. Mais en juin, Eichborn se déclarait en cessation de paiement, avec des pertes évaluées à 2,5 millions d'euros (pour un chiffre d'affaires aux alentours de 11 millions d'euros). Pour Aufbau, qui n'a pas les moyens financiers de lancer une opération de sauvetage, tout est alors remis en question.

On saura au plus tard le 1er septembre si un repreneur se déclare, ou si Eichborn disparaît purement et simplement. Cette affaire met une nouvelle fois en lumière les difficultés de l'édition indépendante. Aufbau lui-même n'échappe pas à cette fragilité : en 2008, alors qu'il avait déposé son bilan, il avait été soutenu par plusieurs éditeurs dont des éditeurs français, et s'était finalement sorti de cette mauvaise passe.

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(1) Voir LH 850 du 28.1.2011, p. 53