Une jeune fille métisse sur la plage, un garçon asiatique, avec « la peau plutôt sombre pour un Coréen », juvéniles, souriants, insouciants, amoureux, voilà les seuls clichés qui restent. Il y a également le rapport de la police métropolitaine d'Icheon, à Séoul : « Les citoyens vus pour la dernière fois le 17 juin à 14 h 30 [...] se sont vraisemblablement noyés par accident au cours d'une baignade. »

Pour Jenna Williams, la sœur jumelle de celle qui fut emportée par la mer, la vie continue. Douze années se sont écoulées depuis la disparition au large de l'île de Baengnyeong. De père afro-américain et de mère coréenne, la protagoniste de L'étoile du nord de D.B. John est professeure à l'université de Georgetown. Elle donne des cours sur la géopolitique de l'Asie orientale, explique pourquoi le satellite nord-coréen s'appelle Kwangmyongsong, « brillante étoile » ou « guide » : « Dans la mythologie d'Etat officielle, le Cher Dirigeant est né en 1942, dans une base secrète durant l'occupation japonaise. Sa venue au monde a été confirmée par l'apparition d'une nouvelle étoile à la verticale du Mont Paektu. Kim Jong-il se surnomme lui-même l'Etoile ou le Guide, Kwangmyongsong.»

Alors que Janna raconte à ses étudiants la naissance quasi messianique du chef du régime de Pyongyang, elle est interrompue par une nouvelle qui s'apparente à une résurrection : Soo-min qu'elle croyait morte est sans doute vivante. Elle a été enlevée par les sbires de la dynastie communiste des Kim. Adieu le confort d'un poste en Virginie. Jenna, linguiste émérite qui parle le dialecte nordiste du Royaume ermite et pratique le taekwondo à haut niveau, est recrutée par la CIA pour retrouver sa jumelle. Afin d'ourdir son intrigue, D. B. John entremêle à la mission de l'héroïne le point de vue d'un agent du Nord, le Colonel Cho, nous faisant partager sa pérégrination à New York et nous plongeant dans ses négociations secrètes avec le gouvernement américain ; ainsi que les états d'âme d'une ressortissante nord-coréenne aux prises avec son désenchantement devant les turpitudes de sa mère patrie.

Natif du pays de Galles, D.B. John, après des études de droit, s'est lancé dans une carrière d'éditeur et d'auteur pour la jeunesse. Il a fait un séjour en Corée du Nord qui lui a inspiré ce thriller. On goûte avec cette première traduction le talent d'un conteur hors pair.