16 mars > Roman France > Emmelene Landon

Ce n’est pas la première fois que l’on croise des George dans les livres d’Emmelene Landon. Homme ou femme, mais toujours artistes. Ce George-là, narrateur de La baie de la Rencontre, son quatrième roman, est un sculpteur d’environ 50 ans - dans Portrait(s) de George (Actes Sud, 2014), George était un peintre portraitiste -, et c’est sans doute l’un des doubles fictifs le plus proche, le plus intime que l’écrivaine ait imaginé.

Artiste installé en France mais né en Australie, un pays qu’il a quitté à 6 ans avec ses parents et sa sœur cadette, George, qui partage sa vie avec Rachel, conseillère pour les musées, travaille la terre brute. Il prélève de la poussière et des ocres, ramasse des échantillons de boue, éprouve une véritable fascination pour les fossiles. Sa sculpture pourtant est "inaboutie", juge-t-il, "des tas de terre" qui "s’effritent, se désintègrent et partent en poussière". Animé par un "désir de retour" vers l’Australie, il se souvient des voyages qui, ces trente dernières années, l’ont conduit sur ses terres d’origine, familières et lointaines. Mais l’île-continent lui échappe. "Je n’ai jamais pu élucider l’énigme du pays qu’on appelle l’Australie, et je cherche toujours par quel angle l’aborder." Alors il choisit comme "témoin équitable" le naturaliste dessinateur Charles-Alexandre Lesueur parti du Havre en 1800 en direction des terres australes, à bord du Géographe, l’un des deux navires français de l’expédition scientifique du commandant Baudin. La baie de la Rencontre, Encounter Bay, en Australie méridionale, c’est le lieu où, le 8 avril 1802, le bateau français va fortuitement croiser un bâtiment anglais comme lui en mission d’exploration et chargé de cartographier ces côtes.

Le récit de ces souvenirs mêlés où la biographie croise la géographie et l’histoire, la paléontologie et la géologie, est hanté par Peggy, la "petite sœur" de George, morte avant l’âge de 50 ans. Photographe et graphiste, grande voyageuse, mère de deux fils, elle avait posé ses valises à La Rochelle. Une sœur à qui George, son aîné d’un an, était profondément lié, partageant avec elle la "non-appartenance", "une place qui est une non-place". Peggy, vivante et libre, qui illumine de sa présence solaire ces brassants voyages à l’envers. Véronique Rossignol

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