La littérature jeunesse a pris place dans l’auditorium de la Bibliothèque nationale de France (BNF) lundi 9 octobre à l’occasion des 4e Assises de la littérature jeunesse. L’événement organisé par le Syndicat national de l'édition (SNE) a réuni près de 500 invités dans la matinée autour d’une question : entre contes patrimoniaux et soft power, quelle place et quel rôle pour la littérature jeunesse ? Nicolas Roche, président du Bief, a inauguré en tant que modérateur la première table ronde de la journée sur "Les métiers de l’international".
La littérature jeunesse française possède "une très belle réputation" sur la scène internationale, précise dès le départ Isabelle Darthy, responsable de cession de droits à L’École des loisirs, évoquant un réseau de librairies performant, une production diversifiée… Le secteur jeunesse affiche un chiffre d’affaires de 378,1 millions en 2022, et, malgré une baisse de 8,2%, il reste le troisième segment en valeur du paysage éditorial français, selon le SNE.
Des filtres malgré tout
"Sur ce marché privilégié, nous essayons de ne pas faire le tri puisque des titres qui semblent très franco français dépassent parfois les frontières, et, à l’inverse, des stars en France ne fonctionnent pas à l’étranger", explique Isabelle Darthy. Un avis partagé par sa voisine Laurence Leclerc, responsable de cession de droits BD Jeunesse qui nuance : "En Europe, il y a eu une libération sociale, mais dans d’autres pays, il est encore beaucoup trop tôt." Certaines thématiques seraient plus difficiles à aborder comme la pédophilie ou les violences faites aux enfants. "Je suis contrainte d'établir un léger filtre, car c’est un domaine où il faut prendre en compte les retombées économiques", confirme Laura Karayotov, agent littéraire chez Lester, spécialisée dans les pays de l’Est.
Laura Karayotov rencontre tout de même des surprises dans des pays considérés comme "conservateurs". L'agent littéraire cite en exemple un ouvrage qui traite de l'homoparentalité dont les droits se sont vendus il y a quelques années en Ukraine. À noter également la Chine qui, malgré des différences culturelles, est le premier pays à traduire les œuvres françaises. Des jeunes maisons d'éditions cherchent cette "témérité" spécifique à l'Hexagone.
Des foires internationales toujours centrales
Pour développer ce marché étranger, la place des foires et rencontres reste centrale. Toujours parmi les plus importantes, la foire de Francfort, qui commence le 18 octobre, réserve notamment près de 1 500 m2 pour des rendez-vous interprofessionnels. "Depuis la crise du Covid, certains se rendent moins aux foires, et il devient plus compliqué de trouver de nouveaux interlocuteurs", relève toutefois Laurence Leclerc. La responsable de cession de droits BD Jeunesse mise donc aussi sur des initiatives personnelles en se déplaçant à l’étranger : "Nous faisons dans l’ultra-qualitatif en réalisant près de 4 rendez-vous en deux jours, au lieu d’une dizaine lors des grandes foires."
Les salons grands publics ne sont pas à négliger non plus, défend Laura Karayotov : "ils permettent de saisir les tendances locales et de faire remonter des choses concrètes du terrain". Ce rôle d’informateur est également tenu par les traducteurs comme Bernard Friot qui pense que sa profession "est un apporteur de projet" auprès des éditeurs pour continuer à faire briller les livres français à l’étranger.
Les rencontres des 4e Assises de la littérature jeunesse sont diffusées en direct.