Compte-rendu

Un voyage positif : le Bief à la rencontre d’éditeurs à Athènes

Le groupe français en voyage à Athènes les 6 et 7 juin - Photo Bief

Un voyage positif : le Bief à la rencontre d’éditeurs à Athènes

Une dizaine d'éditeurs français ont rencontré leurs homologues grecs les 6 et 7 juin derniers à l'occasion d'un voyage organisé par le Bief. Compte-rendu. 

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Par Olivia Snaije
Créé le 17.06.2024 à 17h02 ,
Mis à jour le 18.06.2024 à 10h11

Sous un soleil méditerranéen brûlant, huit éditeurs français, représentant 17 marques éditoriales de jeunesse et BD, sont allés à la rencontre d’une vingtaine de maisons d’édition grecques les 6 et 7 juin à Athènes. Organisé par le Bief (Bureau international de l'édition française), l’Institut Français de Grèce et la Fondation Hellénique pour la Culture, les rencontres ont été l’occasion d’échanges éditoriaux et de présentations du marché du livre dans les deux pays. Une visite de librairies a été également organisée.

Pour les éditeurs français, le voyage était surtout l'occasion d'une reprise de contact avec les éditeurs grecs qui semblent enfin remonter la pente, petit à petit, après 16 années difficiles économiquement. 

Pour ses contacts avec les éditeurs grecs, l’École des loisirs travaille avec Catherine Fragou, de l’Agence Iris, qui a participé aux rencontres. Iris Declercq, en charge des droits étrangers pour l’École des loisirs, a aussi fait le déplacement, constatant qu’en 2019 les échanges avec la Grèce étaient encore « calmes » mais qu’à partir de 2020, l’éditeur Minoas a acheté des cessions, dont la série Chien Pourri de Colas Gutman et Marc Boutavent. Iris Declercq raconte que l'opération fut aussi l’occasion de renouer le contact avec les éditions Ammos avec lesquelles des cessions avaient déjà eu lieu dans le passé et qui, pendant la crise économique avaient disparu. Mais, « ils ont gardé leur réseau, et la maison rachète des classiques, comme Loulou de Grégoire Solotareff, ou Roger poussin d’Isabelle Bonameau », ajoute-t-elle. 

« On connaît assez peu »

Si Iris Declercq a hésité à faire le voyage à Athènes, elle en a été « très surprise et contente. Il y a des petits éditeurs de BD qui ne se déplacent pas forcément à Angoulême ou à Francfort. Pour la jeunesse, il y avait quatre éditeurs que je connaissais et plein d’autres que je ne connaissais pas par ce qu’ils ne viennent pas aux foires non plus. Il y avait un vrai intérêt ; la production française les intéresse ».

Judith Parenteau, responsable des droits dérivés jeunesse chez Actes Sud a également pu rencontrer « des éditeurs indé qui ont une production très intéressante qui correspond plus à notre style franco-français un peu indépendant ».  

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Les éditeurs grecs et français, en pleins rdv - Photo BIEF

Bien que les marques d’Actes Sud travaillent avec la Grèce, « on connaît assez peu le marché » explique Judith Parenteau. C’était l’occasion pour elle de faire un état des lieux d’un marché « qui a énormément évolué sur les dix dernières années ».

Comme d’autres éditeurs français, elle a constaté « la solitude » des éditeurs grecs qui se sont exprimés de manière vive sur le manque d’aide gouvernementale : l’équivalent grec du CNL ayant fermé il y a dix ans.

« Ce qui m’a beaucoup marqué, c’est que les éditeurs grecs sont remontés contre l’État, il n’y aucune politique en faveur du livre et la lecture et ils sont complètement livrés à eux-mêmes », rajoute Charlotte Botrel, qui s’occupe des droits étrangers pour la jeune maison d’édition La Partie. Mais elle a aussi découvert une « vitalité » chez les éditeurs grecs et s’est dite impressionnée par la variété des publications en illustré dans les librairies, malgré les difficultés économiques.

Phase de renouveau en BD et jeunesse

Antoine Labye, seul éditeur provenant d’en dehors de l’Hexagone s’occupe des droits étrangers aux éditions Mijade en Belgique, qui publient bon nombre d’auteurs et illustrateurs français. Avant les rencontres à Athènes, il avait déjà 34 contrats établis en Grèce et entretenait des rapports avec certains éditeurs depuis 20 ans. Mais c’est « un marché avec un rythme de croisière pas très intense. D’où l’intérêt de consolider les contacts, ou retrouver des éditeurs avec qui on avait perdu contact, ou en établir avec de nouveaux. »

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Exposition de livres et BD jeunesses- Photo BIEF

La rencontre a aussi été l’occasion de renouer des liens avec Papadopoulos, une maison d’édition avec laquelle Mijade avait un contrat il y a 20 ans. Antoine Labye a été aussi surpris par « l’absence totale de soutien de la part de l’État », mais a constaté par ailleurs une phase de renouveau en BD et jeunesse. Comme ses collègues, il a trouvé fructueux le format des rencontres à taille humaine par rapport aux salons et foires plus importants. Il raconte qu’une éditrice grecque qui avait une bonne connaissance du catalogue de Mijade pour l’avoir feuilleté sur le stand à la foire du livre de Bologne, mais qui ne s’était pas manifestée par faute de temps, « a pris le temps ici et nous avons eu des échanges très encourageants. »

Les éditeurs français ont constaté que les éditeurs grecs semblaient souvent être intéressés par la non-fiction et des sujets forts, tels que le harcèlement scolaire, et par des albums à sujets psychologiques comme l’addiction aux écrans. Les séries et documents sur les émotions ont également suscité de l’intérêt. 

Nopi Chatzigeorgiou, qui coordonne le salon du livre de Thessalonique et qui fait partie de la Fondation Hellénique pour la Culture a trouvé ce nouveau modèle de collaboration avec le Bief réunissant les éditeurs et agents grecs et français très prometteur et dit travailler déjà sur les prochaines étapes de « cette direction créative. »

 

Pour plus d’information sur le marché grec, voir l’étude du BIEF de 2019. 

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