Arnaud Lagardère a annoncé vendredi 28 juin qu'il reprenait la tête du groupe à son nom après la levée partielle de la mesure d'interdiction de gérer qui avait été prononcée à son encontre fin avril et l'avait obligé à se retirer provisoirement.
« Sur proposition de M. Jean-Christophe Thiery, qui avait été nommé à ce mandat à titre provisoire le 30 avril dernier, le Conseil d’Administration de Lagardère SA, réuni ce jour, a désigné, à l’unanimité, M. Arnaud Lagardère en qualité de Président-Directeur Général », fait part un communiqué du groupe publié ce vendredi matin.
Bientôt de retour à la tête d'Hachette
Le fils de Jean-Luc Lagardère devrait également retrouver « dans les prochains jours » son poste de P-DG du groupe Hachette qu'il avait quitté à la même date, selon le communiqué. Jean-Christophe Thiery avait repris la Présidence de la branche édition du groupe, dont la direction exécutive est toujours assurée par Stéphanie Ferran, tandis qu'Arnaud Lagardère avait choisi Constance Benqué en qualité de présidente de la société Lagardère Commandité SAS et de gérante de Lagardère Radio SCA, société holding du pôle radios (Europe 1, Europe 2 et RFM).
« Je tiens à remercier chaleureusement Jean-Christophe Thiery, qui a assumé de manière remarquable la Direction Générale suite à mon retrait contraint », a déclaré le dirigeant en remerciant également « la famille Bolloré, pour leur confiance, leur soutien et leur attention constante à la bonne gouvernance du Groupe ».
Arnaud Lagardère avait été mis en examen le 29 avril pour « abus de biens sociaux et abus de pouvoir » dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en avril 2021 par le Parquet national financier pour des faits s'étalant d'avril 2009 à décembre 2022. Ses avocats, Me Sébastien Schapira et Me Dimitri Grémont, avaient fait appel, ce qui lui a permis d'obtenir cette décision de justice favorable après une audition devant les juges ce jeudi 27 juin.
Au tribunal, il a plaidé « l'erreur », expliquant avoir eu « le sentiment de n'avoir lésé personne », d'après son interrogatoire révélé par Le Monde.
La justice a estimé à plus de 125 millions d'euros le cumul des abus de biens sociaux reproché à Arnaud Lagardère : 32 millions de créance successorale, un million pour un prêt consenti à son ancien directeur général Pierre Leroy, qui avait pris la succession avec Fabrice Bakhouche d'Arnaud Nourry à la tête d'Hachette, en 2021 jusqu'à fin 2023, puis un compte courant d'associé débiteur de 48 millions et des avances en compte courant pour 45 millions en 2024.
« Un train de vie diminué »
Selon le quotidien du soir, le dirigeant a déclaré aux juges que son « état d'esprit c'est que je pourrais remettre tout cela d'équerre, ce que je vais faire », assurant vouloir « apurer la situation » et avoir « bien compris aussi que le train de vie serait diminué ».
Au sujet de comptes annuels non déposés, il a expliqué avoir voulu se protéger du fonds « activiste » Amber Capital: « Je sais que ce n'est pas écrit dans le code pénal, en ce qui me concerne, voir (le) groupe découpé en morceaux était inacceptable ».
Et pour les « comptes incorrects », lui demandent les juges ? Arnaud Lagardère rejette la faute sur « l'incompétence » de deux commissaires au compte, qui ne l'auraient pas dûment alerté. Ces derniers, qui contestent les accusations, sont aussi mis en examen.
Amber Capital avait porté plainte en 2021, mais s'est désisté à la faveur d'un accord transactionnel avec le groupe, repris par Vivendi.