Roman/Etats-Unis 6 novembre James Ellroy

Le chacal, le dog, depuis ses débuts en fanfare dans l'univers du polar qu'il a largement contribué à réinventer, James Ellroy a collectionné les surnoms de bébêtes à quatre pattes jusqu'à, bon client pour lecteurs en adoration, en jouer plus ou moins le rôle. De livre en livre, presque chaque fois plus épais et ample, il aboie, il mord, il blesse. Qu'importe après tout le genre de canidé qu'il est, finalement, le fait est que l'homme a de la suite dans les idées et une idée bien déterminée de son œuvre. Chacun, ou presque, se souvient de ce requiem furieux et fascinant qu'était son Quatuor de Los Angeles composé du Dahlia noir, Le Grand nulle part, L.A. Confidential et White jazz. Un requiem pour l'Amérique des années 1950, sa part d'ombre sur fond de palmiers sauvages. Or voici, qu'en 2015, avec Perfidia, il entendait renouveler (au double sens du terme, recommencer et rénover) l'exploit avec ce premier tome de ce qui s'annonçait comme son nouveau Quatuor de L.A. L'homme est en train de tenir parole comme le prouve ce nouveau et monumental La tempête qui vient.

Ce quatuor cette fois-ci remonte dans le temps, c'est de celui de la guerre du Pacifique depuis la Californie, dont il est désormais question. Perfidia nous laissait à la veille de Pearl Harbor, cette presque shakespearienne Tempête reprend nombre de ses personnages alors que la catastrophe vient d'avoir lieu. Janvier 1942, l'ensemble des services de police et de renseignements, mais aussi la pègre locale, les uns et les autres se mélangeant allègrement, s'agitent en tous sens dans le seul but de sauver leur peau et d'augmenter leurs profits. Tout part d'un cadavre, bien entendu. Un corps découvert à la faveur d'un glissement de terrain. Ce pourrait être rien, la mort d'un homme en ce temps et ces lieux-là, mais c'est le début d'un fantastique chaos. Surgit le souvenir oublié d'un incendie criminel neuf ans auparavant, en même temps que des cohortes de nazis survoltés, espions japonais, trafics en tous genres, la disparition d'un attaché naval nippon et celle d'un homme de main assassin. Dans ce contexte le sergent Dudley Smith et tous ceux qui l'entourent, ont fort à faire, et d'abord avec leur conscience.

Que les amoureux d'Ellroy se rassurent, ils vont retrouver dans ce pandémonium macabre tout ce qu'ils aiment chez lui. Son côté « la classe à Dallas ». Est-ce dû à sa prolixité, à une période qui lui est peut-être moins familière, les autres un rien perdus dans leur lecture se laisseront parfois égarer et le « système Ellroy » apparaît alors un peu trop comme un système, justement. Mais qui aime bien châtie bien et de toute façon, on finit par être emportés par ce bruit et cette fureur qui croise avec malice l'héritage de Chandler et de Cain avec un certain goût de l'opéra. Opera Furioso, bien sûr.

James Ellroy
Le second quatuor de Los Angeles. Vol. 2, La tempête qui vient - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Paul Gratias & Sophie Aslanides
Rivages
Tirage: 80 000 EX.
Prix: 24,50 EUROS ; 704 P.
ISBN: 9782743648893

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