Un homme et une absente. Un appartement, dans une rue calme de Lisbonne. Un homme attend une femme, prénommée Cecilia. Tous deux habitaient New York, une ville devenue synonyme d'attentats depuis le 11--Septembre. Cecilia avait commencé à rêver d'avions s'écrasant contre des tours, dont celle où était situé son appartement, à quelques mètres du World Trade Center. Lui avait peu à peu perdu pied et son travail. En fin de journée, il attendait que Cecilia le rejoigne chez lui, où elle avait élu domicile. Au traumatisme des attentats s'était ajoutée la menace que le dérèglement climatique faisait peser sur de plus en plus de métropoles à travers le monde. Un changement de vie s'imposait. Pourtant, ils n'avaient jamais pensé quitter New York. Il avait fallu un premier séjour au Portugal, une rue « silencieuse et indemne », une pancarte « à vendre » accrochée au balcon d'un immeuble. À Lisbonne, le narrateur écoute un présentateur télé se réjouir du climat tempéré de la capitale, quand les feux font rage en Californie et en Suède, quand des ouragans dévastent les Caraïbes. « La fin du monde est permanente », songe-t-il. Une fois que Cecilia sera à ses côtés, ils pourront au moins la contempler ensemble.
Mais Cecilia tarde à arriver. Remontant le Tage, le gigantesque cargo ayant acheminé les affaires de leur vie passée a depuis longtemps accosté. Lui a pris soin de disposer les livres, les photos et la coiffeuse art déco de Cecilia à la place exacte qu'occupaient ces meubles et ces objets dans l'appartement new-yorkais. « Le réveil trône comme auparavant sur la table de Cecilia. Quand je me réveille la nuit, dans le noir, l'éclat rouge et ténu des chiffres me fait parfois penser que je suis à New York. » Au fil des pages, le lecteur immergé dans les pensées du narrateur s'interroge. Pourquoi avoir quitté New York pour une nouvelle vie ressemblant trait pour trait à l'ancienne ? Pourquoi le monde extérieur devient-il si menaçant, quand les ressources de la vie intérieure semblent elles-mêmes se tarir ? Et pourquoi -Cecilia tarde-t-elle tant à arriver ? Entre Melancholia de Lars von Trier et Belle du Seigneur d'Albert Cohen (avec un Solal qui cette fois attendrait Ariane--Cecilia), Tes pas dans l'escalier s'inspire de nos angoisses intimes et collectives, et mesure dans cet impeccable récit à suspense l'étendue de notre tristesse contemporaine.
Tes pas dans l'escalier
Seuil
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 22 € ; 256 p.
ISBN: 9782021457841