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Annie Ernaux regrette la pauvreté de la littérature sur l’avortement

Annie Ernaux regrette la pauvreté de la littérature sur l’avortement

L’auteure estime que les jeunes femmes ne sont pas assez mobilisées pour défendre leur droit d’avorter. Pour elle, "il n’y a pas de récits à proprement parler sur cette expérience-là".

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Par Manon Quinti,
Créé le 04.02.2014 à 19h34 ,
Mis à jour le 05.02.2014 à 09h42

L’écrivaine et féministe Annie Ernaux dénonce le manque d’engagement des jeunes femmes dans la lutte pour le droit d’avorter. Des milliers de personnes ont manifesté ce week-end en France et en Europe contre le projet de loi anti-interruption volontaire de grossesse en Espagne. Dans un entretien à L’Humanité publié le 3 février, elle affirme : "Il me semble que (les jeunes filles) ne sont pas suffisamment mobilisées. (...) Il y a des militantes, mais le ?gros des filles ne luttent pas ?au niveau qu’il faut." Et met en garde : sans cette engagement, "c’est le retour à la faiseuse d’anges, aux médecins «?marron?», si l’on en trouve".

Pour Annie Ernaux, l’avortement est toujours un tabou littéraire : "Il n’y a pas de récits à proprement parler sur cette expérience-là". Quelques auteurs abordent ce thème (voir On en parlera de LH n° 982), mais il reste peu exploré en France, par rapport à la production prolifique des pays anglo-saxons. Ainsi, Les femmes de droite, l'essai féministe d'André Dworkin (Remue-Ménage), a seulement été traduit en 2012, soit 20 ans après sa publication, relève France Culture.

Dans Les armoires vides (1974), La femme gelée (1981) et L'événement (2000), publiés chez Gallimard, Annie Ernaux raconte son avortement illégal en 1964, plus de 10 ans avant la loi Veil qui dépénalise l'IVG. Or, ces livres ont reçu un accueil assez tiède. "Si ça n’est pas dans l’écriture, dans la littérature comme quelque chose qui est légitime à dire, à analyser (…), ça n’a pas de réalité", affirme l'auteure sur France Culture le 3 février.

L’Assemblée nationale a voté le 28 janvier dernier un article qui consolide l'accès à l'IVG en France: la loi sur l'avortement ne comportera plus la notion de "détresse".

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