Pour Annie Ernaux, l’avortement est toujours un tabou littéraire : "Il n’y a pas de récits à proprement parler sur cette expérience-là". Quelques auteurs abordent ce thème (voir On en parlera de LH n° 982), mais il reste peu exploré en France, par rapport à la production prolifique des pays anglo-saxons. Ainsi, Les femmes de droite, l'essai féministe d'André Dworkin (Remue-Ménage), a seulement été traduit en 2012, soit 20 ans après sa publication, relève France Culture.
Dans Les armoires vides (1974), La femme gelée (1981) et L'événement (2000), publiés chez Gallimard, Annie Ernaux raconte son avortement illégal en 1964, plus de 10 ans avant la loi Veil qui dépénalise l'IVG. Or, ces livres ont reçu un accueil assez tiède. "Si ça n’est pas dans l’écriture, dans la littérature comme quelque chose qui est légitime à dire, à analyser (…), ça n’a pas de réalité", affirme l'auteure sur France Culture le 3 février.
L’Assemblée nationale a voté le 28 janvier dernier un article qui consolide l'accès à l'IVG en France: la loi sur l'avortement ne comportera plus la notion de "détresse".