Fiscalité

Amazon déclare avoir payé 250M€ d'impôts en France

Le ministère des Finances à Paris-Bercy. - Photo Olivier Dion

Amazon déclare avoir payé 250M€ d'impôts en France

Le groupe a révélé le montant de ses prélèvements obligatoires en 2018. Cependant, l'organisation altermondialiste Attac réclame qu'Amazon publie son bénéfice réalisé en France afin de calculer son taux réel d'imposition.

Par Vincy Thomas,
avec AFP Créé le 23.12.2019 à 13h00

Régulièrement accusé de minorer les revenus perçus en France afin de réduire ses impôts, Amazon a annoncé, mercredi 18 décembre, avoir payé plus de 250 millions d’euros de prélèvements obligatoires en France en 2018 pour un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros.

En 2018, « les prélèvements obligatoires liés aux activités d’Amazon en France se sont élevés à plus de 250 millions d’euros, dont plus de 150 millions d’euros correspondent à des prélèvements directs (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, impôts locaux, etc.) », ajoute l’entreprise dans un communiqué.

« La contribution d’Amazon au financement des services publics et du modèle social français se chiffre donc en centaines de millions d’euros chaque année », ajoute l’entreprise, sans préciser le montant des bénéfices réalisés en France. Le groupe a réalisé pour son dernier exercice 10 milliards de dollars de bénéfice net pour un chiffre d'affaires de 233 milliards.

Attac attaque

« Ce n’est pas le montant d’impôts payés qui compte, mais le taux d’imposition effectif », a réagi de son côté Raphaël Pradeau, le porte-parole d’Attac France, le 19 décembre. « Amazon refuse de publier son bénéfice réalisé en France, donc on ne peut pas calculer le taux », critique l’organisation altermondialiste. « Les déclarations d’Amazon ne remettent pas en cause ce que l’on a montré, c’est-à-dire qu’une grande partie du chiffre d’affaires d’Amazon, 57 % selon Attac France, est dissimulé dans les paradis fiscaux. »

Interrogé sur la raison pour laquelle l’entreprise a décidé de rendre publiques ces informations, Frédéric Duval,  directeur général d'Amazon pour l’Hexagone, explique «que c’est une question qui m’a souvent été posée ». « On l’a fait en Angleterre récemment, on le fait en France : on a envie d’apporter cet éclairage-là parce qu’il a été en débat plusieurs fois », a-t-il ajouté, en précisant qu’il n’y avait « aucune [autre] raison particulière ».

Taxe GAFA

Le groupe est pourtant régulièrement attaqué pour son optimisation fiscale. Le gouvernement français, pour mettre fin à des pratiques fiscales controversées des multinationales du numérique, a d'ailleurs voté à la fin de 2018 une taxe surnommée couramment « GAFA » (Google, Amazon, Facebook et Apple), qui est entrée en vigueur cette année.

De plus, Mounir Mahjoubi, député de Paris et ancien secrétaire d’Etat au numérique, a récemment affirmé pour sa part que les géants du numérique américains avaient déclaré l’an dernier en France un chiffre d’affaires quatre fois inférieur à celui réalisé effectivement, engendrant un manque à gagner d’un milliard d’euros pour le fisc. Dans une étude qu'il a publié cet automne, il affirmait également qu'Amazon détruisant deux fois plus d'emplois qu'il n'en créait.
 

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