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En Belgique, les éditeurs mobilisés pour le maintien d’un taux de TVA à 6 % sur le livre

La librairie À l'enseigne du commissaire Maigret, à Liège, en Belgique - Photo ANTOINE LORGNIER ONLY WORLD Only France via AFP

En Belgique, les éditeurs mobilisés pour le maintien d’un taux de TVA à 6 % sur le livre

La possible hausse du taux de la TVA sur le livre inquiète l’ensemble de l’interprofession en Belgique. Les négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral évoquent un passage à 9 %, contre 6 % actuellement.

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Par Marie-Agnès Laffougère
Créé le 04.12.2024 à 14h20

Le taux de la TVA sur le livre va-t-il monter en Belgique ? Dans un contexte à la fois d’inflation généralisée et de tractations pour former un gouvernement fédéral, celui-ci pourrait passer de 6 à 9 %. Inenvisageable pour nombre d’acteurs : « Cela mettrait notre existence même en danger » s’inquiète par exemple auprès de Livres Hebdo Gérard Adam, directeur des éditions M.E.O.

Alors que les belges néerlandophones souhaitent s’aligner sur la politique mise en œuvre aux Pays-Bas (9 % de TVA), les belges francophones veulent quant à eux rester soumis aux réglementations du marché français, avec une TVA à 5,5 % (relevée à 6 % en Belgique). En modifiant ce dernier statu quo, le nouveau gouvernement fédéral pourrait ainsi dégager un nouveau bénéfice de 8 millions d’euros annuels sur un marché du livre qui pèse 265 millions d’euros (TVA comprise).

Baisse des marges, hausse du prix

Si la hausse de 6 à 9 % se généralise sur tout le territoire, Carine Lecomte, directrice générale de l'Association des éditeurs belges (ADEB) jointe par Livres Hebdo, craint « un bouleversement total de l’écosystème du livre. » Selon un communiqué de l’ADEB, « une hausse de 3 % du prix de vente au bénéfice de l’État se traduirait par une baisse de 2,5 à 3 % des marges de l’ensemble de l’interprofession. » Gérard Adam, chez M.E.O, abonde : « Notre marge actuelle est autour de 5 %. Avec une hausse de la TVA, nos bénéfices vont fondre. Les éditeurs littéraires belges ne pourraient pas réussir à vivre plus d’un an. »

Pour contrer cette réforme, une hausse du prix du livre francophone belge pourrait être envisagée. Mais, « si le prix de vente devrait augmenter de 3 %, les bibliothèques et écoles achèteront 3 % de livres en moins, faute de budgets », redoute l’ADEB. Pour Gaëlle Charon, déléguée générale du Syndicat des librairies francophones de Belgique également contactée par Livres Hebdo, le risque est aussi que les consommateurs effectuent « un retour sur le Web » et que le livre « ne soit plus un bien considéré comme essentiel. »

Difficile marché du livre francophone

D'autant plus que depuis 2022, le marché du livre en Belgique s’est fragilisé. « On a subi une hausse du prix des matières premières, une crise du papier, des coûts de production (+30 à +60 % sur 15 mois) et de transport », détaille Carine Lecomte. À ce constat s’ajoute encore l’indexation salariale propre à la Belgique, que l’ADEB chiffre, de 2020 à 2025, à +23 %.

Pour autant, les dernières données GFK marquent une légère amélioration sur le marché du livre, après plus de 20 mois de recul. Le 3e trimestre 2024 par rapport au même relevé 2023 présente même une stabilisation des volumes (+ 0,2 %) et une légère hausse du chiffre d'affaires (+ 1,8 %). Néanmoins, l’évolution à la hausse est à nuancer. En 2023, le marché du livre enregistrait une chute importante avec une baisse des ventes à -8,6 %.

Le marché belge dépend déjà, en grande partie, de la production hexagonale. « 80 % des livres vendus en librairies belges sont français » signale ainsi le Syndicat des librairies francophones de Belgique. Jusqu’à présent, les libraires belges prennent en charge la différence minime avec la TVA française.

Si la TVA passe à 9 %, les libraires belges pâtiraient du maintien des prix français et leur marge déjà basse (1,5 % de marge nette) ne permettrait pas de prendre à leur charge le différentiel de 3,5 points de TVA. L’augmentation du prix du livre français, une fois passée la frontière belge, serait alors nécessaire et contraindrait les libraires à procéder au réétiquetage de l’ensemble de leur stock. Le coût de cette opération chronophage a été évalué à 3,4 millions d’euros par l’ADEB.

Baisser plutôt qu’augmenter

L’ADEB et l’association les Éditeurs singuliers s’alarment aussi d’une augmentation du prix final des livres belges qui « impacterait directement les lecteurs et baisserait la compétitivité sur le marché européen ». Sans parler des auteurs qui ne bénéficieraient pas non plus de cette hausse dont les droits sont calculés sur le prix de vente hors taxe.

Déjà débattue l’année dernière par l’ancien gouvernement, la hausse de la TVA sur les livres est devenue un serpent de mer en Belgique. Pour la contrer, l’ADEB propose plutôt de maintenir la TVA à 6 % ou de « lui octroyer un taux de 0 % comme l’autorise la directive européenne », suggère l’ADEB. Une pétition soutenant cette baisse recense plus de 8 000 signatures depuis le 27 mars 2023. La Belgique rejoindrait alors la Pologne, la Grande-Bretagne et l'Irlande.

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