Avant-critique Roman

L'amour de l'art. Il est, au 121 rue de Lille, à Paris, à deux pas de l'Assemblée nationale, un lieu unique et méconnu, la Fondation Custodia (« gardienne », en latin), qui possède une extraordinaire collection de dizaines de milliers de dessins, estampes, peintures, meubles, lettres d'artistes, livres d'art, catalogues, à l'origine majoritairement de créateurs flamands, mais aujourd'hui largement diversifiée. Ce n'est pas un musée, mais un espace de recherches, une bibliothèque, un lieu d'expositions, logé dans deux hôtels particuliers. L'un, l'hôtel Turgot, en est le cœur, l'autre, l'hôtel Lévis-Mirepoix, autrefois siège de l'Institut néerlandais (fermé en 2013), est dédié aux expositions.

L'ensemble a été fondé par un couple « d'authentiques Bataves » qui ont consacré leurs vies, lui surtout, à la collection des œuvres d'art : Frits Lugt (1884-1970) et sa femme Jacoba Lugt-Klever (1888-1969), dite To. Tous deux richissimes, unis jusqu'au bout par un amour fou, parents exécrables qui ne se sont guère souciés de leur progéniture, disséminée un peu partout et déshéritée, ils ont quitté, après la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas dévastés, leur immeuble de La Haye et ses collections pillés, pour Paris. Custodia fut créée en 1947, les Lugt installés définitivement en 1956.

Cette histoire hors du commun, la fraco- hollandaise Alice Dekker a choisi d'en faire un roman, dont le narrateur est, depuis l'outre-tombe, le premier fils des Lugt, infirme mort jeune. La preuve que l'art, seul, est bien un antidestin.

Alice Dekker
La collection
Arléa
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 19 € ; 176 p.
ISBN: 9782363083852

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