Quelles conclusions ont été tirées de ce Congrès sur le thème de l’inclusion ?
Il a montré que l’inclusion englobe énormément de choses : l’accueil des publics empêchés mais aussi l’inclusion numérique ou l’accessibilité des toilettes (avec un concours dédié)… Cela a permis de nourrir les réflexions des collègues et d’élargir leur définition de l’inclusion.
Quelles sont les principales difficultés qu’ont soulevé les bibliothécaires ?
L’une d’elles est de rendre l’emprunt gratuit. De plus en plus de collectivités le mettent en place, mais ce n’est pas toujours facile de convaincre des élus, quand ils bloquent sur le fait de perdre des recettes. Mais on peut leur dire que la gratuité libère le bibliothécaire de tâches administratives, donc de temps qu’il va pouvoir consacrer ailleurs, en animation par exemple. L’apport de la médiation n’est pas quantifiable : une bibliothèque n’est pas un commerce.
Un autre frein, c’est la méconnaissance et la peur de s’engager dans de nouveaux partenariats. Les bibliothécaires pourraient davantage travailler avec les prisons ou les établissements de soins. Mais ils peuvent penser que c’est trop chronophage, pour peu de personnes concernées. Or, ce n’est pas parce qu’un partenariat va toucher un petit nombre de personnes qu’il ne faut pas le mettre en place.
L’inclusion numérique est votre spécialité : quelles initiatives vous ont impressionnées cette année ?
J’ai été impressionnée par tous les bibliothécaires qui, au-delà du partage des ressources numériques, ont créé eux-mêmes des contenus, en investissant les réseaux sociaux. Me reviennent en tête les vidéos TikTok de la BMI d’Epinal ou la série vidéo P.R.O.U.T de la médiathèque de Sarreguemines. Elles allient créativité, humour et sérieux.
Allez-vous réitérer ce format de Congrès en ligne, même si la situation sanitaire revient à la normale ?
Pas pour le Congrès, où on sent qu’il y a un besoin de présentiel pour échanger avec des exposants et avec les collègues de manière informelle - même s’il y avait des temps d’échange de ce type, mais ce n’est pas la même chose. Le distanciel a au moins un avantage, c’est qu’il a permis de faire participer des personnes loin de France.
Pour la suite, on réfléchit à des formes mixtes. Le distanciel convient à des rencontres et ateliers d’une heure ou d'une journée. Des bibliothécaires ont sinon eu l’idée de suivre les visioconférences en groupe, dans une même salle, en projetant le Congrès sur grand écran.
C’était le premier grand rendez-vous de l’ABF depuis le début de la crise sanitaire : avez-vous pu prendre la température des bibliothécaires, comment se sentent-ils ?
Bien, mais fatigués ! La mise en quarantaine des documents empruntés a laissé quelques traumatismes… Et certaines bibliothèques continuent la quarantaine. On a encore du mal à se projeter, mais le plus difficile est passé. La crise a montré qu’on était capables de s’adapter à toute situation. Et la reprise des animations culturelles redonne de l’entrain.
Et comment se porte l’Association des bibliothécaires de France ?
Nous avons autour de 2000 adhérents (sachant qu’une collectivité de plusieurs dizaines de bibliothécaires compte pour un seul adhérent). Au fil des ans, on en perd un petit peu, mais la problématique est commune au monde associatif. C’est compliqué d’engager des gens et de leur demander de s’investir quand ils ont beaucoup de travail et de contraintes à côté. Surtout en ce moment. Mais la situation revient peu à peu à la normale, et le bibliothécaire est en train de reprendre du poil de la bête !