Si aujourd'hui l'homme est encore connu dans ses natales contrées nordiques, il l'est nettement moins sous nos climats. À l'époque pourtant où on lui décerne le prix Nobel de la paix, en 1922, le Norvégien Fridtjof Nansen (1861-1930) est une star de la navigation. Il s'est rendu célèbre pour ses exploits dans le grand froid. De 1893 à 1896 il dirige l'expédition du Fram. Afin de démontrer l'existence d'un courant arctique, il laisse son bateau se prendre dans les glaces et dériver avec la banquise, à la suite de quoi il tente de rejoindre le pôle Nord à pied... Océanographe, explorateur, diplomate, sportif (il traverse le Groenland en ski), c'est à Nansen qu'Alexis Jenni consacre une biographie à la tonalité fort personnelle aux éditions Paulsen. Tout à la fois scientifique de renom et sportif de haut niveau, Nansen incarne à merveille l'adage latin mens sana in corpore sano. Le « beau Viking » (le prouvent les photos et ses conquêtes féminines) devient le visage de la défense des droits des Russes blancs déchus de leur nationalité après la révolution bolchevique- ce qui lui vaut le Nobel susmentionné-, c'est lui qui crée le passeport des apatrides, dit « passeport Nansen ». Après la fin de la Grande Guerre, l'Europe connaît une véritable crise des réfugiés, due à la chute des anciens empires, au génocide arménien... Ce titre de voyage imaginé par l'éponyme diplomate est définitivement reconnu à la convention de Genève de 1933.

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