Organisé pour la seconde fois depuis la création de l'association en 2008, le congrès de l'Association internationale francophone des bibliothécaires et des documentalistes (AIFBD) a attiré à La Martinique du 9 au 11 août une centaine de professionnels venus de 22 pays. Une fréquentation jugée très satisfaisante par les organisateurs, compte tenu du contexte économique peu favorable. Le choix des Antilles françaises s'était imposé car ces journées constituaient une manifestation satellite du congrès de l'International Federation of Libraries Associations (Ifla), organisé à Porto Rico la semaine suivante. Mais il s'agit d'une destination chère qui pouvait dissuader les établissements d'y envoyer leurs collaborateurs. L'AIFBD a dû elle-même batailler afin de boucler le budget nécessaire à l'organisation des journées. Elle a notamment eu la mauvaise surprise de ne pas obtenir de subvention de l'Organisation internationale de la francophonie, une institution qui soutenait pourtant l'association depuis son origine. Une recherche intensive de sponsors a néanmoins permis de réunir les fonds nécessaires, en particulier pour prendre en charge la participation d'une dizaine de bibliothécaires de pays d'Afrique.
Les congressistes qui ont fait l'effort de venir n'ont pas regretté leur séjour. Le cadre enchanteur, la qualité globale des interventions, la taille humaine du groupe, favorable aux échanges, ainsi que l'accueil chaleureux et la grande efficacité du comité d'organisation ont assuré la réussite de l'événement. Fait suffisamment rare pour être souligné, le congrès a consacré une table ronde aux professionnels de la documentation scolaire (généralement peu représentés dans les associations généralistes) qui ont pu dialoguer avec leurs confrères exerçant dans d'autres types de structures.
Solutions vertes
Le développement durable, sujet fédérateur, a été abordé sous ses multiples aspects, de l'architecture à la conservation des documents en passant par le numérique ou l'informatique "verte", un courant qui fait la promotion de solutions permettant de limiter l'impact écologique des ordinateurs. Contrairement aux idées reçues, les problématiques environnementales ne sont pas seulement "des soucis de pays riches", comme l'ont démontré plusieurs interventions relayant des initiatives menées dans des pays africains, même si elles demeurent encore rares. Ouverte en 2000, la bibliothèque centrale de l'université Cheik Anta Diop à Dakar, au Sénégal, a bénéficié d'un projet architectural reconnu sans impact environnemental. Les choix des matériaux et des équipements y prennent en compte les particularités climatiques de la région. A Yaoundé, au Cameroun, le Centre de lecture et d'activités culturelles (Clac), structure associative qui a réussi le tour de force d'être aujourd'hui l'une des bibliothèques les plus actives du pays, n'hésite pas à descendre dans la rue pour informer les habitants, organise des conférences et même des travaux d'intérêt général où la population est invitée à participer à des opérations d'amélioration du cadre de vie.
Le congrès a également été l'occasion de donner un nouvel élan à l'association et de fixer les priorités pour les années à venir. Créée officiellement en 2008, l'AIFBD s'est dotée d'une double mission. La première est de promouvoir la langue française et le monde francophone dans les instances professionnelles internationales, largement dominées par les pays anglo-saxons et nord-européens. "Malgré une avancée certaine, les francophones ne sont pas encore suffisamment présents sur la scène internationale, a souligné Réjean Savard, président de l'AIFBD. Or, pour beaucoup de professionnels dans le monde, en particulier en Afrique, le français est la langue de la communication et donc de la voie d'accès au développement."
L'autre grand champ d'action de l'association est la coopération avec les pays francophones du sud. Un axe que l'AIFBD compte renforcer, notamment avec le programme "Vice versa" qui devrait permettre dès 2012 à des professionnels d'échanger leur poste pendant plusieurs semaines. Infléchir la suprématie de la langue anglaise dans l'univers professionnel des bibliothèques, la tâche paraît ardue pour une association de petite taille et aux moyens financiers limités. Mais en trois ans, l'AIFBD a obtenu des résultats, certes modestes mais significatifs.