Aanchal Malhotra est bien trop jeune pour avoir vécu la partition de l'Inde, en 1947, juste en même temps que l'indépendance, et la création par les Anglais, avec leur duplicité coutumière, du Pakistan musulman, « le pays des Purs ». La frontière dessinée par Sir Cyril Radcliffe coupait en deux les provinces du Sind et du Pendjab (plus celle du Bengale, à l'est). Et Aanchal Malhotra est pendjabie.

Pour son premier livre d'historienne, elle a eu l'idée de raconter cette tragédie (un million de morts et quatorze millions d'exilés) à travers les objets que les gens ont emportés avec eux, ou récupérés, ainsi qu'à travers les souvenirs des derniers témoins. À commencer par sa propre famille. On lira ainsi avec plaisir et émotion le récit de son grand-oncle maternel, Yash Pal Vij, qui se souvient de l'hostilité des gens de Delhi envers les Pendjabis, trop bons commerçants, et qui présente un vase en argent pour baratter le lassi, ainsi qu'un bâton étalon pour mesurer les tissus. Sumitra Kapur, elle, née en 1929 à Rawalpindi, a hérité de sa mère un Adi Granth, le livre sacré des Sikhs, que, quoiqu'hindoue, elle lit tous les jours : « À l'époque, raconte-t-elle, hindous musulmans, sikhs, tout le monde se mélangeait ». Les temps ont bien changé.

Aanchal Malhotra, habitée par son sujet, a passé dix années sur ce projet. Elle a même cofondé le Museum of Material Memory, qui répertorie objets et témoignages. Elle prépare actuellement son premier roman.