Dès le début de l’année,
Livres Hebdo tirait les enseignements de la reprise, fin 2017, de La Martinière par Média Participations et pressentait qu’en l’absence d’autres relais de croissance significatifs,
les éditeurs se tourneraient vers le rachat pour développer leur activité, accentuant ainsi la concentration du marché. Une intuition rapidement confirmée en milieu d’année avec
le classement 2018 des 200 premiers éditeurs, qui donnait la tendance : 104 groupes et maisons indépendantes y figuraient, contre 111 un an plus tôt, tandis que seuls 189 éditeurs affichaient un chiffre d’affaires supérieur à 1 million d’euros, contre 222 en 2013. Comme pour symboliser cette agglomération des capitaux, Média Participations a regroupé en février toutes ses filiales
dans un immense immeuble de bureaux de 14000 m².
Mais la plus évidente illustration de cette tendance fut donnée par Vivendi,
qui a acquis la totalité d’Editis pour 900 millions d’euros fin novembre, après plusieurs mois de négociations exclusives avec le groupe Planeta. Le géant français des médias s’était pourtant séparé de sa branche édition en 2002.
Livres Hebdo avait tenté de comprendre les raisons de ce revirement, et
s’en était entretenu avec le directeur général d’Editis, Pierre Conte. La finalisation de l’acquisition est prévue pour début 2019, après que l’Autorité de la concurrence ait avalisé l’opération. En attendant,
le deuxième plus grand acteur français de l'édition a récupéré les éditions Héloïse d’Ormesson.
Une myriade d’acquisitions
Le reste du secteur de l’édition s’est également retrouvé pris dans une spirale de fusions et d'acquisitions. Fin janvier, France catholique, société éditrice de l’hebdomadaire du même nom,
a repris la marque et le stock de France Empire, éditeur spécialisé dans le livre et le récit de guerre. Début juillet,
Glénat a fait l’acquisition de la maison spécialisée en livres-objets Quatre Fleuves. Quelques jours plus tard,
Hachette Livre annonçait la reprise en totalité des éditions La Plage, spécialisée dans les thématiques écologiques.
L’été aura également été fructueux pour Humensis,
qui a racheté les éditions des Equateurs avant de les rattacher à son pôle de littérature générale. L’éditeur né de la fusion de Belin et des Puf incarne également à sa manière la tendance au regroupement des différentes branches de l’édition, puisqu’il entend rassembler "
une confédération de moyens au service d’une fédérations de marque".
Livres Hebdo avait pu évoquer la stratégie "tous azimuts" du groupe avec sa directrice générale adjointe Muriel Beyer et son directeur général Frédéric Mériot.
C’est à ce même Humensis que la maison Vigot, spécialisé en médecine et pratique,
a repris fin novembre le fonds et le stock de Belin Equitation, pour 30000 euros. A la même période,
Albin Michel annonçait être entré en négociation exclusive afin d’acquérir les éditions Leduc.s, en pointe sur les segments du bien-être et du développement personnel. La veille d’Halloween, les éditions de l’Opportun annonçaient
le rachat des éditions de l’Etudiant, pour un montant non communiqué. Le groupe éditorial Trédaniel, spécialisé dans la santé et la spiritualité, cloturait finalement une intense année d’acquisitions mi-décembre
avec la reprise de Diateino, un éditeur orienté vers l’entreprenariat et le management.
Du mouvement à l’étranger
A l’instar des chambardements qui ont agité l’industrie hexagonale, quelques importantes opérations d’acquisition ont eu lieu à l’étranger. La plus spectaculaire d’entre elles concerne le troisième éditeur américain de comics derrière Marvel et DC Comics, Valiant Entertainement,
racheté en totalité fin janvier par la société de production cinématographique chinoise DMG Entertainment. Cette annonce avait provoqué le départ de du patron de Valiant, Dinesh Shamdasani.
De l’autre côté du détroit de Béring, en Russie, le plus grand éditeur, Eksmao-AST,
a pris le contrôle en février de l’éditeur de bande dessinée Komilfo grâce à un rachat de 90% des parts de la société.
Enfin, le géant américain Penguin Random House, coproriété de l'allemand Bertlesmann et du britannique Pearson, s’est quant à lui emparé, début novembre,
de la majorité du capital de la prestigieuse maison d’édition brésilienne Companhia das Letras, qui possède un catalogue de plus de 4500 titres.