Pourquoi des philosophes
Robert Laffont-Seghers-NiL-Julliard
Lorsque, en 1957, Jean-François Revel publie Pourquoi des philosophes, une controverse, souvent polémique, s'élève autour de ce mince livre. Il connaît le succès non seulement parmi les intellectuels, mais dans le grand public, et se voit décerner le prix Fénéon par un jury comprenant, entre autres, Louis Aragon et Jean Paulhan. C'est que l'auteur y remet en question les fondements de la philosophie, ne se bornant pas à la philosophie contemporaine, mais remontant aux origines de cette discipline, notamment à son statut depuis la naissance de la science moderne, au XVIIe siècle. Il montre en particulier que Descartes est non pas le premier penseur scientifique moderne, mais le dernier philosophe médiéval (Descartes inutile et incertain, 1976). Les principaux éléments de la discussion autour de Pourquoi des philosophes fournissent la matière de La Cabale des dévots (1962), où l'auteur répond à ses objecteurs. Ces textes révèlent aux lecteurs un style critique nouveau, que l'on a défini «voir ce que tout le monde a vu, penser ce que personne n'a pensé». Revel l'applique aussi bien au récit de voyage (Pour l'Italie, 1958) qu'à la critique littéraire (Sur Proust, 1960) et à son activité d'éditorialiste dans la grande presse (Contrecensures, 1966). Guy Schoeller