Le gai savoir. Né en 1953, ancien professeur à l'université de Paris X-Nanterre, Yves Roucaute est un intellectuel atypique, ainsi que l'indique son double cursus : il est à la fois agrégé de philosophie et de science politique. Ce qui explique que, à côté d'ouvrages de réflexion, il se soit aussi lancé dans l'arène politique, au sens large. Après avoir milité, semble-t-il, dans les jeunesses communistes, il a évolué vers une sorte de néoconservatisme, appartenant, de 1986 à 2012, à différents cabinets de ministres de droite. Il a publié, en 2022, au Cerf, un essai polémique, L'obscurantisme vert, où il contestait l'origine humaine du réchauffement climatique de la planète.

Mais ici, Roucaute revient à ses fondamentaux, la philosophie, mais d'une façon concrète, pédagogique et joyeuse, avec un livre feel-good. L'auteur affirme, tout simplement, donner à son lecteur les quatre clefs du bonheur, trouvées au fil de tribulations à la fois farfelues et érudites sur tous les continents et à travers toutes les religions, testées comme des recettes de cuisine ou de beauté. Et laissant de côté celles qui ne lui conviennent pas. Dans ce récit conçu comme un conte philosophique à la manière de Fénelon (Les aventures de Télémaque) ou de Voltaire (Candide), le narrateur laisse la plume à un singulier vagabond, rencontré à New York. Lui, il a trouvé les clefs. Au passage, on croise à peu près tout le gotha de la littérature, de la philosophie et du mysticisme à travers les siècles, en Occident et en Orient, de Confucius à Rabelais, de Bouddha à Montaigne, de Platon à Voltaire...

De ses examens de toutes les religions, de toutes les croyances, le vagabond céleste en a rejeté pas mal (notamment l'hindouisme et le bouddhisme, parce qu'ils prêchent un renoncement qu'il n'accepte pas), pour aboutir aux principes d'une sagesse élémentaire : dominez la nature, aimez-vous les uns les autres, aime-toi toi-même et carpe diem, et, surtout, créez. Car c'est de cette énergie créatrice, celle de l'homo faber plutôt que de l'Homo sapiens, que procède, selon Yves Roucaute, la notion de Dieu, en Qui il croit. Lequel, bien sûr, est Amour.

Rien de révolutionnaire sous le soleil, dira-t-on, mais un parcours initiatique où le lecteur, dans la foulée du narrateur, revisite ses classiques, ce qui ne fait jamais de mal, se balade à travers le vaste monde, à toutes les époques, ce qui fait plutôt du bien, et reçoit une leçon d'optimisme métaphysique, ce qui fait franchement plaisir. Même si on n'y croit pas, merci, D^r Roucaute.