Peu avant Noël 1862, alors que l'Amérique se déchire depuis un an dans la guerre de Sécession, la famille Whitman, qui vit dans le quartier de Brooklyn, à New York, reçoit une inquiétante nouvelle : George, lieutenant dans l'armée nordiste, a été blessé à la bataille de Fredericksburg, et l'on ignore à la fois la gravité de son état, et où il se trouve. Aussitôt, son frère aîné, le poète Walter dit « Walt » (1819-1892) - auteur du recueil Feuilles d'herbe qui connut à la fois l'échec commercial et le scandale parce qu'il peut se lire comme un hymne panthéiste où l'homosexualité est célébrée -, s'embarque, en ferry puis en train, jusqu'à Washington. C'est là que se situent les principaux hôpitaux où sont soignés les soldats blessés. Après s'être fait voler, dès la gare, son portefeuille, son argent et ses sauf-conduits, il arpente durant trois jours, à pied, misérable, les établissements hospitaliers de la ville, où il se trouve face à l'horreur de la guerre. Il tâche de réconforter les blessés, mais ne trouve nulle trace de George.
Par miracle, dans la rue, il tombe sur Charles et William (et sa femme Ellen), ses anciens éditeurs, que Feuilles d'herbe a d'ailleurs mis en faillite. Pas rancuniers et pleins d'admiration pour l'homme et son œuvre, ils accueillent Walt, lui procurent, grâce au président Lincoln, le laissez-passer qui lui permettra de rejoindre la ligne de front, à Folmouth. C'est là que se trouve le lieutenant Whitman.
Après un trajet en bateau en pleine tempête, où il sympathise avec de jeunes conscrits qui l'invitent à partager leur campement, Walt parvient à Folmouth, en train. Il y retrouve son frère, légèrement blessé au visage, promu capitaine, et prêt à repartir au combat pour déloger les sudistes de Fredericksburg. Le poète, qui n'écrivait plus, ressent, devant les horreurs du champ de bataille, comme un double déclic : il se met d'abord au service des soldats des deux camps, à l'hôpital de Lucy House, afin d'adoucir leurs souffrances (et il accompagnera jusqu'à Washington les convalescents), puis éprouve l'envie de reprendre la plume.
C'est ce moment de grâce, où Walt Whitman fait preuve de son humanité, de sa fraternité, authentique mais assez peu connu, que l'auteur mauricien Barlen Pyamootoo a choisi de romancer, avec talent, pudeur, mais aussi un grand réalisme dans la peinture de la folie des hommes.
Whitman
L’Olivier
Tirage: 2 800 ex.
Prix: 16 euros ; 160 P.
ISBN: 9782823613209