La justice a débouté, mercredi 12 février, un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, de son assignation en référé pour injures contre le journaliste Frédéric Haziza, auteur, et Fayard, éditeur de Vol au-dessus d'un nid de fachos, dans lequel il est qualifié de néonazi et de négationniste. M. Chatillon est en outre condamné aux dépens, et à payer 1 500 euros à Frédéric Haziza ainsi qu’à son éditeur au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
Le tribunal de grande instance de Paris a estimé que cette assignation ne relevait pas de la procédure d'urgence en référé car M. Chatillon n'établit pas l'existence d'un "trouble manifestement illicite". Il a d’autre part relevé qu’elle était nulle contre M. Haziza, en raison d’un vice de procédure dans sa délivrance. M. Chatillon, ancien président du Groupe union défense (GUD, syndicat d’étudiants d'extrême droite) dans les années 1990, demandait la suppression des passages litigieux, et à titre subsidiaire l'insertion d'un encart dans l'ouvrage. En progression constante depuis sa parution le 15 janvier, ce dernier arrive en 38e place du classement Ipsos/Livres Hebdo des ventes d’essais et de documents pour la semaine du 3 au 9 févier.
"Désormais, Marine Le Pen dont il est l'un des plus proches conseillers, doit répondre à une question : assume-t-elle la présence d'un tel personnage dans son entourage ou décide-t-elle de rompre avec lui et l'idéologie qu'il véhicule ?" a déclaré Frédéric Haziza à l'AFP. "L'extrême droite a développé une stratégie judiciaire pour empêcher d'appeler un chat un chat, a réagi son avocat, Me Richard Malka. Nous avons établi qui était M. Chatillon quant à ses engagements et à son passé et il est important que des journalistes puissent continuer à faire état de la réalité de tels personnages", a-t-il ajouté.
M. Chatillon, qui est un prestataire régulier du FN avec sa société de communication Riwal, a déclaré qu'il n'était "pas étonné par cette décision", ajoutant qu'il allait "incessamment sous peu" engager une action au fond. Lors de l'audience, l'avocat de M. Chatillon, Me Roland Bonnefoy, avait estimé que l'emploi de tels termes pour qualifier son client équivalait à le condamner à "une sorte de mort sociale", dans un "contexte tendu".
Dans ce livre, Frédéric Haziza fait un tour d'horizon de l'extrême droite française et s'intéresse notamment à l'humoriste controversé Dieudonné, à l'essayiste Alain Soral et à Serge Ayoub, fondateur du groupe Troisième voie, dissous par le gouvernement à l'été 2013.
Me Malka avait produit une déclaration d'un homme se présentant comme un ancien du Gud et affirmant avoir côtoyé M. Chatillon. "Le seul élément contestable dans l'emploi du qualificatif néonazi, concernant Chatillon, est l'emploi abusif du qualificatif néo", estimait ce témoin, contre lequel Frédéric Chatillon déclare avoir porté plainte pour faux témoignage.