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Vivendi / Lagardère : les 5 dates à surveiller

Vivendi / Lagardère : les 5 dates à surveiller

Le groupe Vivendi (Bolloré) a annoncé sa volonté de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur le groupe dirigé par Arnaud Lagardère. En jeu, entre autres : le contrôle d’Hachette Livre. A quoi s’attendre ces prochains mois ? Quelles seront les prochaines échéances cruciales ?

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Par Pierre Georges,
Créé le 23.09.2021 à 10h48

En annonçant, le 15 septembre, leur intention d’acquérir les 18% du fonds Amber dans le capital du groupe Lagardère, puis de lancer une offre publique d’achat (OPA) sur le solde des actions, Vincent Bolloré et le groupe Vivendi ont enclenché une machine qui pourrait redessiner en profondeur le paysage du livre français.

Mais la route reste encore longue et pleine de tournants avant un rapprochement concret entre Editis (Vivendi) et Hachette (Lagardère). Plusieurs dates sont à surveiller pour la suite des événements.
 
  • 21 septembre 2021 : En cédant 90% d'Universal Music (UMG), à la faveur d’une introduction à la bourse d’Amsterdam, c’est toute la stratégie industrielle de Vincent Bolloré qui commence à prendre forme. A savoir : se séparer de la musique pour se renforcer dans l’édition. Et faire du secteur, à terme, son nouveau moteur boursier autant qu’une source de synergies avec ses autres actifs dans l’audiovisuel (Canal+) comme dans la publicité (Havas) et les médias (Europe 1, CNews…).
 
  • 28 octobre 2021 : Publication du chiffre d’affaires du troisième trimestre 2021. Plus que jamais, les prochaines échéances financières du groupe seront à observer avec attention. Car si Vivendi a officialisé son intention de lancer une OPA, rien n’est encore déclenché concrètement, et rien ne le sera avant les instructions des autorités de la concurrence. Ce qui signifie que si Vivendi s'est mis d'accord avec Amber sur un prix de vente, les résultats financiers peuvent avoir leur influence et mener à des renégociations. « Tout reste encore mouvant économiquement, et le champs des possibles est ouvert », explique à Livres Hebdo un observateur proche du dossier. 
 
  • Février 2022 : Deux éléments à surveiller, d’après les analystes. D’abord la possible vente de certaines activités du groupe Lagardère (retail en gares et aéroports en premier lieu). Ensuite, d’après les dires du principal intéressé, Vincent Bolloré pourrait commencer à prendre du recul pour passer progressivement le relais Vivendi à ses enfants. Le but : leur transmettre un groupe basé sur deux activités principales que seront la télévision (48% du chiffre d’affaires d’après les analystes) et l’édition (28% en cas de fusion entre Hachette et Editis).
 
  • Rentrée 2022 : C’est logiquement autour de cette période que les différentes autorités de la concurrence française (CSA, DGCCRF…) et bruxelloise devraient rendre leurs rapports et demander des remèdes pour valider une fusion d’Hachette Livre et d’Editis au sein d’une même structure mère. Pour beaucoup d’analystes, rien d’impossible, surtout en ce qui concerne la bande dessinée, la jeunesse ou la littérature générale. En revanche, d’après le cabinet Alphavalue, cité par Le Monde, Vivendi devra se défaire de certaines marques dans l’édition scolaire, les dictionnaires, les livres de poche et le tourisme. Sans oublier la distribution, où le rapprochement devrait coincer. « Il y aurait trop de concentration sur les petits points de ventes, de l’ordre de 85 à 100% de monopole. L’accès au marché est un plus gros problème que les maisons d’édition d’un point de vue concurrentiel », analyse auprès de Livres Hebdo un observateur proche du dossier.
 
  • 15 décembre 2022 : La date limite que se donne Vivendi pour réaliser son OPA sur le groupe Lagardère. Une opération pour l’instant annoncée à un prix de 24,10 euros par action.

Flashback : 6 mois de tractations

Si la guerre pour le contrôle du groupe Lagardère a débuté il y a plus de 3 ans, l’année 2021 a vu les tractations nettement s’accélérer. Le 29 mars, après 31 ans chez Lagardère, le P-DG d’Hachette Livre Arnaud Nourry, grand artisan du développement du premier groupe éditorial français, est remercié de ses fonctions, après avoir pris publiquement position contre le rapprochement de Vincent Bolloré.

Le 28 avril, le conseil de surveillance de Lagardère actait le passager de l’entreprise sous statut de société anonyme, un bouleversement qui fait perdre à Arnaud Lagardère sa commandite, système hérité de son père et verrou qu’il détenait sur la direction. Il obtient aussi de devenir P-DG avec un mandat de 6 ans. Le 30 juin, lors de l’assemblée générale de Lagardère, toutes les nominations sont approuvées. Arnaud Lagardère déclare alors que Vincent Bolloré est « un atout et pas une menace », en introduisant « sans nostalgie » l’AG.

Enfin, le 1er septembre, la famille Arnault annonçait la cession de ses parts dans la holding personnelle d’Arnaud Lagardère, en échange d’actions de Lagardère SA, dont elle détient désormais 9,97% du capital. Une cession qui marquait la fin de l’alliance entre Arnaud Lagardère et Bernard Arnault face aux assauts de Vivendi et Amber.

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